samedi 14 juillet 2012

Présence de Pleynet



" J'entends, lointain, le cliquetis des armes. La pensée en guerre dans ses conquêtes. La nuit, en secret, la danse, la musique d'un éternel banquet. Rien ne vaut les festins, la musique, la danse, les chants, l'alcool dans l'amour. La musique et la danse font s'arrêter un étrange qui passe... Comme une île et comme un continent, l'univers, le ciel se déclarent... la vue s'embellit...  Nous n'avons pas qu'un seul soleil - la révolution de l'esprit engendre le mouvement. " (1)

" C'est un poète qui pense, qui passe par la peinture quand il veut (et notamment Cézanne), par la musique, dans ce lieu où tous les sens doivent être en effervescence, qui est Venise. " (2)

" Depuis quinze ans Pleynet écrit des poésies, depuis quinze ans il tient également son journal, depuis quinze ans enfin il développe une infatigable activité de critique et d'historien d'art. A la longue, l'unité de ces travaux devrait finir par se dégager aux yeux de tous. Il s'agit de constater un retard, d'enregistrer une stagnation, une longue et pesante nécrose. Prenons l'histoire de l'art : dans son Journal, Pleynet démontre à quel point elle piétine en arrière des sciences humaines du XX° siècle, à quel point elle mijote dans son XIX° siècle viscéral. Même chose pour la poésie et pour la littérature. Sortir du XIX° siècle est urgent, c'est une affaire de goût et c'est un changement colossal puisque c'est aussi une affaire politique. D'immenses continents parlent et vivent encore dans le dix-neuvième. Bien des écrivains qui se croient des contemporains bayent aux corneilles d'un dix-neuvième irréparable, on ne le répétera jamais assez. " (3)

" De mémoire
quand les eaux montent jusqu'à nous
sur l'heure
la mare trouble des sentiments
colore la nuit
et l'horizon marin " (4)

" Si la poésie est une occupation esthétique, alors Pleynet n'est pas un poète. La poésie ne consiste pas à fabriquer de belles images, mais à étudier la folie des hommes à la lumière de certaines métaphores comme Lautréamont étudiait son époque à la lueur du roman noir. Écouter la déraison sous les analogons relève d'une science infiniment plus précise que ne le laisseraient accroire nos modernes Aliénistes. Le mésusage d'une métaphore est une affaire grave, qui intéresse l'humanité entière. " (5)




Vu d'ici, au centre de l'agitation, dans le tumulte, l'orage et les bruits, il ouvre le livre nouvellement installé sur son bureau, et se souvient de quelques échanges un soir d'hiver, " Présence de Pleynet ", victoire de la peinture, de la littérature, de la poésie sur la modernité, ce bluff permanent.


Pierre Nivollet

Robert Motherwell
à suivre

Philippe Chauché

(1) Itinéraires de Marcelin Pleynet / Faire Part - revue littéraire - / La rive de tous les saints /  Marcelin Pleynet / 2012
(2)                                                   d° /    Philippe Sollers
(3)                                                   d° /    Philippe Muray
(4)                                                   d° /    Margaret Tunstill
(5)                                                   d° /    David Di Nota

2 commentaires:

  1. On cliquera ici pour l'entendre dire quelques mots sur Stendhal « le moins traditionnel » (voilà d'ailleurs peut-être pourquoi c'est le romancier qui m'a le plus marqué) et Diderot.

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