samedi 13 juillet 2013

Kaddish

Le théâtre c'est aussi cela, lire à la table. Acte premier, souvent invisible. Il relève du secret de fabrication du théâtre, comme on le dit souvent un peu vite. Lecture mon beau pari, semble dire Arthur Nauzyciel sur le plateau de l'Opéra Théâtre, lecture ma grande nécessité, lecture comme un acte premier de ce qui devient, de ce qui est, comme le Kaddish, une prière où la mort est retournée, remise à sa place, comme l'on remet à sa place un acteur défaillant, peu scrupuleux, sans conscience de ce qu'il lui revient d'être.


Arthur Nauzyciel seul en scène avec ce texte improbable d’Allen Ginsberg sur sa mère, sa folie, en quelque sorte, et pour en sortir, la poésie, dernière adresse au corps perdu.

L’adresse du lecteur attentif, qui ne livre rien d’autre que ce qu’il lit : alcool, drogue, sexe et petite maman délurée, toute aussi insupportable finalement que l’auteur, le fils filou, mais dans tout cela, une prière adressée à la morte, et cette prière livrée dans la douceur de la nuit qui hésite à tomber, de cela naît un trouble, trouble de la lecture à la table de chevet qui relève d’un autre secret, celui de l’acte porté comme une offrande.

photo Mathieu Bourgeois


à suivre

Philippe Chauché

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