" La nuit, on veillait sur la véranda, buvant, écoutant des disques, jouant.
- Qui pourrait être plus inutile que moi, disait Grabriella. Je ne suffis même pas à vous distraire tous.
Elle faisait un tour de danse avec l'un de nous puis retournait s'asseoir. Les premiers soir nous nous taisions, écoutant, et nous suivions des yeux ses petits pas, sa robe bleue clair.
- Y a-t-il quelqu'un de plus inutile que moi, dit-elle une nuit en s'allongeant. Je suis lasse de vivre.
- On dirait que vous parlez sérieusement, observa Pieretto.
- Lasse de tout, dit-elle. De me réveiller le matin, de m'habiller pour descendre, des propos intelligents que vous tenez. Je voudrais aller à l'osteria et m'enivrer avec les charretiers.
- C'est du masochisme, dit Poli.
- Mais oui, dit-elle, je voudrais qu'un homme m'égorge. Je ne mérite pas plus.
- Oh, oh ! nous sommes en crise.
- Oui, l'interrompit froidement Gabriella. Nous sommes en crise. C'est à la mode, ici. Faites attention, Oreste, ou vous finirez par y passer vous aussi, comme nous. " (1)
Il aura avec élégance résisté au fascisme, écrit des livres et réussit son suicide, ce qui vous en conviendrez n'est pas donné à tout le monde.
à suivre
Philippe Chauché
(1) Le Diable sur les collines / Cesare Pavese / traduct. Michel Aranaud / Gallimard / 1955
Je découvre votre blog avec plaisir.
RépondreSupprimerIl me daudra du temps pour fureter, rêvasser, découvrir.
Je vous assure que je reviendrai l'année prochaine...
C'est à dire demain ou presque...
Remarqueze sur votre blog, le temps n'a plus tout a fait la même importance!
Alors à vite
Maia
Bienvenue Maia y suerte.
RépondreSupprimerPhilippe Chauché