mercredi 27 juin 2012

L'Excellence du Geste



Kelia Moniz






Au plus loin qu'il puisse remonter, il ne voit pas un jour sans qu'il n'ait pensé que l'excellence du geste relève de celle du grand style, et qui dit grand style, dit Grand Siècle, qui pense à l'excellence du geste voit la beauté du regard qui le porte, la phrase qui s'élève comme une vague, l'élégance du visible venant de l'invisible, et à la nécessité absolue d'être, un jour là où on ne l'attend pas, l'autre là où il se doit d'être mais où on ne le voit pas, ses manières :  le sitio del silencio.

" La nuit dernière, au plus profond de ma chambre, le souffle du printemps pénétrait ;
Mon esprit s'en retourna bien loin, sur les bords du fleuve Kiang,
près de la belle jeune fille qui l'occupe.
Il dura bien peu ce songe de printemps ; il fut bien court l'instant où ma tête reposa
sur l'oreiller ;
Cependant cet instant si court m'a suffi pour aller dans le
Kiang-nân, à plus de cent lieues d'ici. " (1)





José Tomas


Souvent, il partage son temps entre la musique des modèles, et le silence des écrivains qu'il fréquente, manière de savoir vivre, autrement dit de savoir entendre, oreille vive comme on le dit, de l'excellence d'un geste.
Il ouvre un journal d'une année future et lit :
" Je suis ce que je montre, mais je ne montre pas ce que je suis. Chacun de mes gestes sera excellent ou ne sera pas.  "

" Paris, Londres, Venise, Blévy ( et, par parenthèse, le mont Valérien ) chacun de ses lieux... et tant d'autres... Autant de lumières... autant d'intrigues... et de romans.... j'y suis... l'océan des rivières de romans... les voyages... le monde comme autant de romans vrais... de cette cécité, du corps. De cette vérité, mes amis n'auront jamais rien su. Je fus, je suis, je reste suspendu à ce qui se trame à ne pas être limité par le plus grand et à n'en pas moins tenir dans les limites du plus petit : de nuit à Nice sur le chemin qui conduit de l'avenue du Capitaine-Scott, au pavillon de Compostelle... je lève les yeux... l'obscurité des palmes, et le ciel sombre avec la lumière étoilée... tout astre qui brille dans le ciel... et les météores lumineux... " (2)






La belle irlandaise - Courbet
à suivre

Philippe Chauché

(1) Un  songe de printemps / Tsin-Tsan / Poésies de l'époque des Thang / traduc. du Marquis d'Hervey-Saint-Denys / Editions Ivrea / 2007
(2) Le savoir-vivre / Marcelin Pleynet / L'Infini / Gallimard / 2006



5 commentaires:

  1. Cher Philippe,

    Ce n'est pas Belinda Baggs sur la photographie, mais Kelia Moniz — latino-hawaïenne ! ¡Caramba! ¡Que gracia!

    Abrazo,

    Federico

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  2. Maradona de Manosque28 juin 2012 à 05:05

    Je suis ce que je montre mais je ne montre pas ce que je suis. Voilà qui me plait ! Merci

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  3. Je confirme le propos du sieur Schiffter, et qui veut approfondir le sujet sous d'autres angles cliquera ici.

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