mercredi 11 septembre 2013

A la Vôtre


Au siècle dernier Alfred Hitchcock présentait à la télévision de petits films terrifiants et amusants, preuve que le plus grand des cinéastes pouvait avec sa légendaire légèreté et  sa méchanceté anglaise se glisser dans des formats courts, où en un tour de caméra tout est dit et tout est fait, Montaigne aurait aimé, Suel doit adorer. 
Les éditions Louise Bottu ont eu le flair de regrouper et de publier ces exercices littéraires pétillants qui tiennent dans une fiole, comme celles que glissait Hemingway dans la poche intérieure de sa veste, une façon comme une autre de tenir le coup. 

A la vôtre :

"  Depuis des heures, je suis là, à demi-desséché, complètement hébété. C'est un forficule qui me montre le chemin de la vie, me donne l'illumination. En le voyant s'extirper d'une pêche à moitié mure, je comprends où est mon salut. Je me traîne au bord d'une craquelure du fruit, me glisse péniblement à l'intérieur. Je retrouve l'humidité, l'obscurité et la nourriture.
La vie est belle.
Le ver est dans le fruit. " 

" LA CAMERA AVANCE SUR LE CORPS NU DE D. RAKULA, allongé sur un matelas de sachets de sang, certains, gonflés comme des outres, d'autres, flasques, vidés - le corps de D.R. est couvert de sang - ses ongles sont encore enfoncés dans un sachet de sang percé qui laisse couler un filet sur sa poitrine glabre - il tête un autre sachet - ses yeux sont vitreux, un regard d'homme ivre - sa bouche s'ouvre, pleine de sang - le sachet vide glisse sur son cou - ses yeux se ferment, sa poitrine se soulève lentement - il dort - un sourire indéfinissable apparaît sur son visage sanglant. " 

" Et, tout d'un coup, je l'ai vu, le vieux ! Il était appuyé contre un arbre. Il me souriait.
C'était trop !
Le vrai méli-mélo dans mon cerveau.
Il m'a dit dans un français parfait :
" Fiston ! Ne mets jamais du jus d'orange oxydé dans ta vodka ! " 

à suivre

Philippe Chauché

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