vendredi 27 février 2009
Dada
Il faut aujourd'hui s'employer à distordre le temps, et ouvrir une brèche qui nous fait accéder au Temps de l'Instant.
" Expliquer : amusement des ventrerouges aux moulins des crânes vides.
DADA NE SIGNIFIE RIEN
Si l'on trouve futile et si l'on ne perd pas son temps pour un mot qui ne signifie rien... - La première pensée qui tourne dans ces têtes est d'ordre bactériologique : trouver son origine étymologique, historique ou psychologique, au moins. On apprend dans les journaux que les nègres de Krou appellent la queue d'une vache sainte : DADA. Le cube et la mère en une contrée d'Italie : DADA. Un cheval en bois, la nourrice, double affirmation en russe et en roumain : DADA. Des savant journalistes y voient un art pour les bébés, d'autres saints jésusappelantlespetitsenfants du jour, le retour à un primitivisme sec et bruyant, bruyant et monotone. On ne construit pas sur un mot la sensibilité ; toute construction converge à la perfection qui ennuie, idée stagnante d'un marécage doré relatif produit humain. L'oeuvre d'art ne doit pas être la beauté elle-même, car elle est morte ; ni gaie ni triste, ni claire ni obscure, réjouir ou maltraiter les individualités en leur servant des gâteaux des auréoles saintes ou les sueurs d'une course cambrée à travers les atmosphères. Une oeuvre d'art n'est jamais belle, par décret, objectivement pour tous. La critique est donc inutile, elle n'existe que subjectivement, pour chacun, et sans le moindre caractère de généralité. Croit-on avoir trouvé la base psychique comme à toute l'humanité ? L'essai de Jésus et la bible couvrent sous leurs ailes larges et bienveillantes : la merde, les bêtes, les journées. Comment veut-on ordonner le chaos qui constitue cette infinie informe variation : l'homme ? Le principe : " aime ton prochain " est une hypocrisie. " Connais-toi " est une utopie mais plus acceptable car elle contient la méchanceté aussi. Pas de pitié. Il nous reste après le carnage, l'espoir d'une humanité purifiée. - Je parle toujours de moi puisque je ne veux convaincre, je n'ai pas le droit d'entraîner d'autres dans mon fleuve, je n'oblige personne à me suivre et tout le monde fait son art à sa façon, s'il connaît la joie montant en flèches vers les couches astrales, ou celle qui descend dans les mines aux fleurs de cadavres et de spasmes fertiles. Stalactites : les chercher partout, dans les crèches agrandies par la douleur, les yeux blancs comme les lièvres des anges.
Ainsi naquit DADA... " (1)
Les mouvements de renversement du temps, n'ont jamais été, il serait temps de s'en rendre compte, qu'une affaire de quelques individus, un ou deux là, trois ou quatre ici, sept ou huit ailleurs, une petite douzaine plus tard, un musicien éclairant du 18 ° siècle partageait ses silences et ses musiques avec " quelques amis choisis ", ainsi seulement s'opère ce renversement, ainsi dans ce laboratoire clandestin de l'individu libre, le Temps s'ouvre, la brèche apparaît, et l'on s'empare de l'Instant, qui vibre de résonances " anciennes " " présentes " et " futures ". Car l'Instant est une Gnose.
à suivre
Philippe Chauché
(1) Manifeste dada 1918, Dada, n°3 / Tristan Tzara / in L'aventure Dada / essai, dictionnaire et textes choisis par Georges Hugnet / Seghers
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INCROYABLE !
RépondreSupprimerVous êtes réellement un magicien du temps pour le définir si bien à chaque fois.
Mais c'est encore plus vrai aujourd'hui : à l'instant même où je lis votre texte nous sommes le jeudi 26 février !!!
Rassurez-moi, nous sommes bien en 2009 et pas en 2012, ou je ne sais dans quel vortex temporel ? M.
C'est l'art d'avoir un temps d'avance.
RépondreSupprimerj'ai mis une opinion sur DADA mais aussi sur l'art en général, depuis le 19 ème...
RépondreSupprimerVas sur mon Blog