mercredi 8 avril 2009

Cavales



" Mes plus belles cavales furent immobiles. " Il avait glissé cette confession très chinoise dans un petit livre qu'il tenait m'avoua-t-il un jour, de l'une de ses grands mères, qui avait en son temps goûté et pratiqué quelques scandales, par ces manières d'embrasser le Temps, ajouta-t-il, mais aussi par les livres qu'elle offrait à ses amants, tous plus dangereux les uns que les autres, c'est elle, me dit-il, qui m'a appris que certains livres sont des bombes à retardement qui explosent à l'instant où l'on s'y attend le moins, c'est d'elle aussi que je tiens, cher ami, l'assidue fréquentation de librairies clandestines, qui distillent avec prudence, l'art de vivre, elle pratiqua avec beaucoup de talent l'art de la cavale immobile, c'est en pensa à cela, que j'ai noté cette confession, qui lui ressemble, les seuls voyages aimait-elle à me confier, c'est ceux que j'effectue avec quelques hommes amusants qu'il m'arrive ici d'enlacer dans les éblouissements du Temps, mais permettez que je vous abandonne pour ce soir, il se leva lestement, glissa un billet de banque sous le cendrier, se retourna et quitta notre café d'un coup d'aile, j'allumais une cigarette et commandais une nouvelle coupe de champagne, tout était calme, la nuit s'était installée, je fermais les yeux et laissait le Temps épouser le mouvement de mon pouls.

à suivre

Philippe Chauché

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Laissez un commentaire