samedi 1 décembre 2012

L'Oeuvre Noire


En 1967, Marcelin Pleynet publie son Lautréamont, un coup de plume qui dévoile l'absolue nécessité de se confronter aux Chants et aux Poésies :

" La situation de Lautréamont paraît à tous points de vue paradoxale. Sans lui notre culture reste incomplète et comme inachevée, notre littérature apparaît tout entière tournée vers une image nostalgique, un projet de pure répétition. Et cependant il ne peut trouver sa place au sein de cette culture qu'en la contestant jusque dans ses fondements, il ne peut provoquer cette littérature dans un procès où il est cause et partie, qu'en la fixant dans sa manie. Situation que nous verrons un peu plus tard réfléchie par Mallarmé : " Oui que la littérature existe et, si l'on veut, seule, à l'exception de tout ", et où Lautréamont est exemplaire. "

" Plût au ciel que le lecteur, enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu'il lit, trouve, sans se désorienter, son chemin abrupt et sauvage, à travers les marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison ; car, à moins qu'il n'apporte dans sa lecture une logique rigoureuse et une tension d'esprit égale au moins à sa défiance, les émanations mortelles de ce livre imbiberont son âme comme l'eau le sucre. Il n'est pas bon que tout le monde lise les pages qui vont suivre ; quelques-uns seuls savoureront ce fruit amer sans danger. "





Pourquoi en aurions-nous fini avec Ducasse-Lautréamont ?  De  quoi s'agit-il ? D'où vient-il ? Qui est cet écrivain au double, au triple visage, et même sans visage ? Une telle oeuvre noire s'explique-t-elle ? Certains s'y sont risqué, d'autres y ont laissé leurs certitudes poétiques et romanesques. Reste le texte, comme l'on dit, qui n'a que faire de son interprète, Maldoror c'est Lautréamont, Poésies c'est Ducasse et non l'inverse.

De l'autre l'un :

" Les hommes qui ont pris la résolution de détester leurs semblables ignorent qu'il faut commencer par se détester soi-même. "
" Il faut tout attendre, rien craindre du temps, des hommes. "
" La réserve est l'apprentissage des esprits. "

" Aujourd'hui sous l'impression des blessures que mon corps a reçues dans diverses circonstances, soit par la fatalité de ma naissance, soit par le fait de ma propre faute ; accablé par les conséquences de ma chute morale ( quelques-unes ont été accomplies ; qui prévoira les autres ? ) ; spectateur impassible des monstruosités acquises ou naturelles, qui décorent les aponévroses et l'intellect de celui qui parle, je jette un long regard de satisfaction sur la dualité qui me compose... et je me trouve beau ! "


Passer c'est être, et être se conjugue toujours au présent.




à suivre

Philippe Chauché


3 commentaires:

  1. Cher Philippe,

    Ce Lautréamont, c'est un brin tartignole, non? Les Chants m'ont toujours fait bâiller, personnellement. Pas très poétiquement correct, ce que j'avance là. Ce que je veux dire c'est que ça ne vaut pas Rimbaud. Je me demande ce qu'en pense Alfonso.

    À vous,

    F.

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  2. Cher Philippe Chauché,

    Ce Lautréamont (Ducasse, c’est autre chose… ), c'est un brin tartignole, non?
    Les Chants m'ont toujours fait bâiller, personnellement.
    Ce que je veux dire, c'est que ça ne vaut pas Rimbaud.

    Je me demande ce qu'en pense ce cher Frédéric Schiffter…

    À vous,

    Vaudey

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  3. Ce Ducasse m'a toujours amusé, un peu bavard, ce goût pour les coups de rasoir m'a souvent fait souffrir ! Je me demande ce qu'en pensent le surfeur amusé du désespoir et le lecteur des Tang ?

    Une âme volatile.

    Bien à vous.

    Philippe Chauché

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