« De visu : Saint Thomas »
« Si vis pacem, para bellum : Si tu veux te pacser, fais-toi beau »
« Casus belli : Place réservée aux bellâtres »
« Ab absurdo : Répète, j’suis sourd ! »
« Ipso facto : En fait, c’est un alcoolique »
Pages rosses est un tout petit livre – il tient dans la main – qui se joue – et cela n’a rien d’un jeu affirment sans rire les auteurs – de deux cent quatre-vingt maximes, proverbes, et citations latines, des éclats savants et savoureux qui avaient un temps leur place dans les pages roses des anciens Petit Larousse. Les trois mousquetaires des Pages Rosses savent que rien n’oblige à offrir au lecteur curieux, volage et volubile ces nouvelles visions et pourtant : – curiosus : quel espion ! – volaticus : ailé, qui vole, voleur de mots ! – volubilis : qui tourne, qui roule le lecteur dans la farine ! Des Craductions qui transposent le latin, misent sur les sonorités plutôt que sur le sens et inventent d’autres sens. En grappillant quelques citations dans ces Pages rosses, on s’imagine les auteurs – ces Tontons flingueurs– riant à leurs trouvailles, et s’imaginant le lecteur étonné, surpris, ravi et ébloui par tant d’imagination, tant d’évidences – six oreilles fines et aiguisées. De nouvelles traductions qui viennent du son, du cœur et (qui sait) du sang des mots et de la langue. Explications : C’est qu’au début est non pas le Verbe, mais le jeu de mots. Dont Alfred Jarry disait que ce n’était justement pas un jeu mais le puits d’où sort la vérité suivante : sous chaque mot piaffe la horde de tous les mots, dans une seule phrase cent potentielles attendent qu’on les accouche*.
« Dura lex, sed lex : Dur à cuire, laisse en cuir »
« Modus vivendi : Dieu est vivant, mais motus ! »
« In extenso : Dedans ou dehors, tu en tiens une couche »
« Ad vitam aeternam : Evite de t’éterniser »
Pages rosses refait de la langue. Faire et refaire c’est toujours inventer, surtout ce qui saute aux yeux. L’écrivain n’a peut-être, au bout du stylo, d’autre occupation. Lorsqu’ils s’y mettent à trois, le temps s’éclaircit, les verbes s’affranchissent, et les mots se laissent aller à de nouvelles aventures curieuses et coquines, ils flirtent avec l’argot des légionnaires : Notre plus belle conquête descend du canasson (caballus), non de l’officiel equus. Les auteurs qui ont de la suite dans les idées, ils s’encanaillent, et misent sur des dissonances obscènes, des calembours nuls et des écholalies d’almanach. On ne peut s’empêcher de voir dans ces proverbes et citations quelques messages secrets et privés, comme ceux qui de Londres se glissaient dans les oreilles de français peu enclins à s’attarder sur les sornettes de Radio Paris : Le raton laveur est prudent, Cocus, Les capricornes, Mon dentiste est canon, Madame conduit. On peut toujours rêver que Larousse retrouve le goût de ses pages Roses dans son Petit dictionnaire et y glisse amusé quelques unes des perles Rosses.
« Alter ego : Un autre moi-même »
« Cinefacta omnia : Tout fut réduit en cendres »
« Carpe diem : Pêche du jour »
« Fluctuat nec mergitur : Il tangue mais ne sombre pas »
* Du rose au rosse
Philippe Chauché
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