samedi 7 décembre 2019

Les fantômes de Jean-Michel Olivier dans La Cause Littéraire



« Pour un écrivain, Paris est peuplé de fantômes. Des fantômes familiers, silencieux, bienveillants. Nous sommes dans l’ancien hôtel particulier de Beaumarchais, où l’écrivain, musicien, homme d’affaires, mais aussi marchand d’armes et espion, aimait se réfugier quand les fâcheux le harcelaient » (Simone Gallimard).
 
Eloge des fantômes est un merveilleux livre, habité de fantômes admirés, rendus à la vie par la plume miraculeuse de Jean-Michel Olivier. Des portraits d’écrivains, de penseurs, d’éditeurs, de graveurs que l’auteur a croisés, longuement ou furtivement, et admirés. Des artistes devenus des amis d’un temps passé, des complices en lettres, et en art éphémère, dont il a partagé des instants de complicité, de travail, qu’il décrit comme l’on décrit un miracle, une visite, un éblouissement, mais aussi une profonde tristesse lorsqu’il apprend leur disparition.
 
Jacques Chessex
 
 
Ces fantômes bienveillants ont pour nom Jacques Chessex : « Tu es un homme en colère et cette colère te porte, t’inspire, te fait oublier du monde autour de toi » ; ou encore Simone Gallimard : « Je garde au fond des yeux – dans les recoins de ma mémoire engloutie – votre élégance, votre sourire, votre curiosité pour tout ce qui n’est pas encore écrit » ; Jacques Derrida : « Les paroles d’un ami sont toujours celles d’un fantôme : à la fois testament et oracle » ; et Bernard de Fallois : « Vous êtes un homme de l’ombre et vous aimez sortir de l’ombre des textes ou des auteurs qui vous fascinent ».
 


Bernard de Fallois
 
 
Eloge des fantômes est un livre nourri de ces ombres bienveillantes, ces visiteurs talentueux, qui ont traversé la vie de l’auteur, comme des éclairs, des éclats, des traits, et qui laissent des traces indélébiles. Difficile d’oublier et se passer de tels fantômes.
 
« Tu inventes sans cesse, sur la plaque de cuivre, rectangulaire comme la toile du peintre, un style, un vocabulaire, une grammaire qui sont ta signature. Unique et singulière » (Marc Jurt).
« La mort n’existe pas, écrivait le poète Tsernianski, il n’y a que des migrations » (Michel Butor).
« J’admirais votre élégance qui était celle aussi de votre écriture » (Nicolas Bréhal).

Marc Jurt
 
 
Eloge des fantômes est un livre de passion et de passions, passion pour ces hommes et cette femme, ces artistes, ces passeurs, ces éditeurs qui ont nourri et nourrissent sa vie d’écrivain. Il sait qu’écrire doit se faire avec les attentions d’un témoin reconnaissant aux grands passeurs attentifs, et qu’il est nécessaire et admirable de leur rendre ce qu’ils ont offert : la mise au monde d’un livre, qui est toujours une renaissance. Les livres de Jean-Michel Olivier naissent de tout cela, de ces rencontres, de ces fidélités, d’une écoute, d’un regard, et il excelle dans l’art du portrait saisi sur le vif, en deux phrases, à la manière d’un graveur, ses traits sont vifs et nets, précis, ses mots résonnent comme un éclair, et les fantômes qu’il invite sont admirables. De ses admirations, il a fait un beau livre, touché par la grâce de la fidélité à ses éternels fantômes.

 
 
Philippe Chauché
 
 

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