jeudi 19 février 2009

Cantiques

" Mon aimé les montagnes,
les vallons solitaires couverts de forêts,
les îles étrangères,
les fleuves tumultueux,
le sifflement des brises amoureuses,

La nuit tranquillisée
par la venue du lever de l'aurore,
la musique silencieuse,
la solitude sonore,
le festin qui réjouit et invite à l'amour. " (1)

" Comme elle fuit cette barque légère !
Nous voici déjà dans le charmant pays des blanches vapeurs et des vertes forêts.
On avance, on se repose, toujours au milieu des oiseaux et des nuées ;
Tandis que l'image tremblante des montagnes suit, sur les eaux limpides, tous les mouvements du bateau.

Tantôt l'écho vous répond, sortant de quelque roche profonde,
Tantôt l'on arrive à quelque vallon tranquille, dont le silence même invite à élever la voix.
Ici, tout semble fait pour inspirer à l'homme l'amour de la solitude.
De grâce, laissez là vos rames, que je puisse de ce site admirable ! à peine en ai-je encore entrevu les beautés. " (2)

Nous y voici, au coeur d'une Révélation, ce qui vous en conviendrez ne va pas plaire à tout le monde, le tout est de savoir aborder ces " îles étrangères et ces fleuves tumultueux ", alors comment s'y prendre me demandez-vous, retournez-vous, regardez-vous, et imaginez-vous autre, plus grand peut-être, ou plus petit, plus léger sûrement, sans pour autant quitter la terre, car c'est là aussi que tout se joue, dans la terre, ainsi vu, votre corps nouveau, car c'est le regard que vous lui portez qui va le transformer, et ainsi par cette Illumination, que ce corps nouveau va se lancer autrement dans cet abordage, ainsi libéré, si j'ose écrire, votre corps va connaître une révolution telle, que vous ne l'aviez jamais imaginée, elle libère de cette servitude volontaire qui à la fois vous clouait au sol et vous empêchait de vous élever. Dans cet abordage, qui je vous le concède n'est pas sans risque, vous avez toutes les chances de retrouver le Temps premier de ce que vous êtes, mais que les humanoïdes organisés s'employaient à noyer dans mille brouillards qui tournaient autour de vous et vous consumez sur place.

à suivre

Philippe Chauché

(1) San Juan de la Cruz / Le Cantique Spirituel / traduct. Vicente Pradal / Sables
(2) Tsoui-hao / Poésies de l'époque des Thang / traduct. du Marquis d'Hervey-Saint-Denys / Éditions Ivrea

1 commentaire:

  1. Après une deuxième lecture, cela me fait penser à la fée Viviane (la dame du lac) qui retourne sur son île "Avalon" et qui est également la Déesse mère de toute chose.
    Elle aime s'y retrouver seule afin de pouvoir mieux savourer tous les éléments, les observer et apprendre à les maitriser dans le but de transcender sa propre nature ainsi que celle des humains en perdition.
    D'ailleurs, à vouloir être trop maitresse d'elle-même et de la nature, cette dernière se venge et la fée finit par échouer.
    Quelques fois, il suffit de savoir observer les choses, et ce même en soi-même et les laisser regarder passer sans vouloir intervenir.
    La nature prendra toujours le dessus.
    Ceci étant dit, au risque de me répéter, je trouve bien dommage mon cher Monsieur Chauché, que vous ne fassiez pas plus de proses, de commentaires, j'ai toujours beaucoup plus de plaisir à vous lire que les extraits cités pourtant toujours bien choisis. M.

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