mardi 7 avril 2009

Les Mots et la Voix

Éblouissements, voilà le mot, je suis traversé d'éblouissements, c'est un état fort étrange, voyez-vous, comme une résurrection, et cela me convient, car vous savez à quel point j'attache de l'importance à ce mot, je dirai à son retournement, débarrassé de ses attaches douloureuses, la seule résurrection qui s'impose est celle que nous vivons dans notre attachement au Temps, dans mon attachement au Temps, et cette résurrection est elle aussi un éblouissement, mais d'un autre ordre, ces éblouissements que j'évoque et qui m'importent, et auxquels vous avez l'amabilité de porter attention ce soir résultent d'étonnants croisements de mots et de voix, cette suprême signature spirituelle, qui me conduit à vous dire à l'écoute attentive de tels mots portés par telle voix ce qu'ils révèlent des corps, l'inverse est inconcevable, c'est ce qu'il me disait, pesant chaque mot, tout en portant de temps en temps à ses lèvres cette coupe de champagne, que nous avions pris l'habitude de boire dans la salle du fond de notre café lorsque le jour annonçait par son déclin, la nuit complice, amusez-vous, me dit-il à le vérifier, la sensualité du mot et de la voix est plus profonde, ou pour le moins plus troublante, que celle des corps sans voix que vous et moi avons connus, connaissons ou connaîtront, à ce constat, permettez-moi d'ajouter que les voix et les mots, toujours, c'est là que le bât blesse, si je puis dire, vérifient la seule liberté du corps qui mérite, sa résurrection réelle, et j'ai vérifié tout cela dans ce cours poème, que voici :

" O toi, la belle, viens, qui loges dans les coeurs...
Lance, jette le feu, l'éclair de ta lueur !
Au travers de ta natte, éclaire et illumine
Comme lui le soleil dans toute sa splendeur,
Par-delà le rideau des nuées et des brumes.
Cesse de te tapir au fond de ta demeure,
Sors et cours vers l'amant, il incite au désir :
De tes lèvres la perle, oui il fera sortir
Comme tu as des flammes excavés son coeur. " (1)

C'est par ces mots qu'il prit congés.

à suivre

Philippe Chauché

(1) O toi, la belle.../ Moïse Ben Samuel Ibn Giquatilla / Poésie amoureuse hébraïque / traduct. Masha Itzhaki et Michel Garel / Somogy / Point

5 commentaires:

  1. Eblouissement, un mot, une grâce, un désir profond...

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  2. En ces temps de semaine sainte pour certains croyants, quelle résurection???

    Celle des vivants celle des morts, celle des damnés???

    La lumière est le premier don que la vie nous fait. A tous les instants, elle est présente; elle est si évidente qu'elle fait partie des meubles de l'oubli. Cette immeuble de note vie a besoin pas lassitude ou par simple rythme physique, a besoin sans cesse d'être relancer, tel un espoir de vie... infinie...
    Joyeuse Pâques pour ceux qui croient & bon gigot pour les autres + moi.

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  3. Ni croyante, ni amateur de gigot, il n'est qu'à croire aux saisons de la vie.

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  4. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  5. Ces saisons de la vie éblouissent notre passion du Temps.
    Ph.

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