samedi 2 mai 2009

L'Eruption



" L'aoriste définit la minute qui pour rien au monde ne pourrait être affranchie de l'ordre du temps.
L'aoriste définit la goutte sexuelle blanche projetée. Imprévisiblement projetée à l'intérieur de sa rétention ou de son attente, dans la nuit.
Fons temporis. Fontaine du temps.
L'aoriste définit l'éruption volcanique. L'illumination est la relation éruptive elle-même, désynchronisant les gestes des animaux dans la course, le visage de la terre dans les saisons, la voûte céleste dans ses astres, le milieu de l'espace dans la nuit. " (1)

L'éruption fige le temps et le mouvement.
L'acte sexuel est une illumination lorsque frappe l'éruption.

L'éruption transforme le regard.
L'acte sexuel est un regard illuminé.

Elle écrit, se souvient, et comme un peintre porte sa plume aux lèvres.
Le silence lui convient, alors elle dessine et écrit sa vie.
Ses amants ne se doutent pas l'éruption les figera dans leurs certitudes.


Les corps en disent plus sur le Temps que les mots.



" Visages qui persistez dans le regard où que nous soyons et quoi que nous voyions.
Il se trouve toujours que le début de l'amour est image.
Visible obsédant.
Visible non seulement diurne mais involontaire (fantasme) et non seulement involontaire mais nocturne (onirique). Il y a un conte arabe dans lequel le héros, alors qu'il est en train de tomber brusquement amoureux, regardant intensément le visage de celle qu'il va aimer, se dit curieusement à lui-même : " Perception, deviens image. Image, rapetisse-toi. Image, va ton chemin sous mes paupières. Image, entre dans le sang de mon coeur. " (2)

Le visage de l'amour se fige dans l'illumination.
Le corps de l'amour se dédouble dans le regard que fige l'éruption.
Les éclats du visage de l'amour donnent à voir le Paradis.

à suivre

Philippe Chauché

(1) Chapitre LII / Sur le jadis / Pascal Quignard / Grasset
(2) Chapitre XLI / d°

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