vendredi 4 septembre 2009

La Courbe du Temps (37)



" Mes nuits sont plus belles que vos jours ", " Mes mains éclairent votre peau ", " Si tu sais aimer, tu sauras écrire ", " Son regard est le mouvement du Temps ", les phrases se bousculent sur son écritoire, elles fleurissent et parfument ce roman permanent, c'est ce qu'il se dit dans le matin flamboyant.

Ce matin tout s'ouvre, ajoute-t-il, l'espace, le Temps, les mots, les couleurs du ciel, les murs, le sourire gracieux des élégantes sensualistes, leurs éclats, leurs mots, leurs silences, leurs corps, ce qui s'ouvre pense-t-il, c'est un temps nouveau, il reste note-t-il à s'y glisser.

" Il faut mettre son corps en accord avec ce mouvement permanent, et ce temps nouveau trouve ses résonances dans ce mouvement du Temps ", c'est celui se dit-il, qu'il a traversé sur les bords du fleuve et sous les arbres. C'est aussi ajoute-t-il, cette vague qui le saisit lorsqu'il embrasse son épaule. C'est encore, ce tremblement de vie qui terrasse la mort, bonne nouvelle !


" Les belles langoureuses, les poètes lyriques, ces sages d'entre les sages, élégants gentilshommes, belles dames, héritiers de toute cette meilleure part de cette civilisation, de sa part aimable, consciente, raffinée, plus courtois que les Courtois des Cours d'amour, plus précieux, mais sans affectation, que les Précieux, dresseront de nouvelles Cartes du Tendre, Libertins-Idylliques, narquois, rustres, amoureux angéliques, comme il leur chante, reprendront à leur compte pour règle dans les nouvelles abbayes de Thélème qu'ils voudront organiser ce " fay ce que vouldras " que Rabelais leur donnait déjà pour base, sachant avec pleine conscience cette fois que " les gens libres, biens nés, bien instruits, vivant ordinairement en compagnie honnête ont par nature un instinct et aiguillon qui les pousse à faits vertueux et retire de vice, lequel ils nomment honneur " et que " les mêmes qu'en par vile sujétion et contrainte sont déprimés et asservis détournent la noble affection, par laquelle à vertu franchement tendaient, à déposer et enfreindre ce joug de servitude ; car nous entreprenons toujours choses défendues et convoitons ce qui nous est dénié ". (1)

à suivre

Philippe Chauché


(1) Manifeste sensualiste / R.C. Vaudey / L'Infini / Gallimard

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