samedi 19 novembre 2011

L'Art du Refus



" Tout ne dois pas s'accorder, ni à tous. Savoir refuser est d'aussi grande importance, que savoir octroyer ; et c'est un point très nécessaire à ceux qui commandent. Il y va de la manière. Un NON de quelques-uns est mieux reçu, qu'un OUI de quelques autres, parce qu'un NON assaisonné de civilité contente plus qu'un OUI de mauvaise grâce. Il y a des gens, qui ont toujours un NON à la bouche, le NON est toujours leur première réponse, et quoiqu'il leur arrive après de tout accorder, on ne leur en sait point gré, à cause du NON mal assaisonné, qui a précédé. Il ne faut pas refuser tout-à-plat, mais faire goûter son refus à petites gorgées, pour ainsi dire. Il ne faut pas non plus tout refuser, de peur de désespérer les gens, mais au contraire laisser toujours un reste d'espérance, pour adoucir l'amertume du refus. Que la courtoisie remplisse le vide de la faveur, et que les bonnes paroles suppléent au défaut des bons effets. OUI et NON sont biens courts à dire ; mais avant que de les dire, il faut y penser longtemps. " (1)

- Vous me désirez ?
- Oui et Non !
- Je vous reconnais bien là ! Vos hésitations vont bien finir par vous perdre.
- Je n'hésite pas chère curieuse, j'affirme que je vous désire et qu'en même temps, je me détache volontiers de ce désir.
- Vous semblez ignorer, que j'attends de vous une réponse claire, et je parierai quelques fortunes, que je suis loin d'être la première à ainsi vous questionner.
- Le désir, chère volage, ne s'interroge pas, disons qu'il se vit sur le motif.
- Et mon motif vous inspire ?
- Je dois vous confesser, que sur l'instant, il me procure un plaisir semblable à celui que j'éprouve à écouter quelques pièces pour clavecin du vieux Bach, et que je me mettrai bien à déchiffrer au plus près votre partition.
- L'instant, j'entends bien, mais...
- Point de mais à l'instant, point de suite au motif...
- Mais, la beauté du désir, réside dans la et les manières de l'accompagner.
- Je m'avoue vaincu, je vous raccompagne chez moi.

à suivre

Philippe Chauché


(1) L'Homme de cour / Baltasar Gracian / traduc. Amelot de La Houssaie / Édition de Sylvia Roubaud / Folio classique / Gallimard / 2010

17 commentaires:

  1. Votre dialogue est bien élégamment tourné, monsieur Chauché.
    (Puisque vous me taquinez sur mon prénom, j'en change.)
    Bien à vous,

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  2. "Tout ne dois pas s'accorder, ni à tous. Savoir refuser est d'aussi grande importance, que savoir octroyer ".
    Voilà ce qu'un thérapeute cherche à faire percevoir à ses patients. L'art de la bonne distance. A tout donner à tous, certains se vident de toute substance. Alors, petit à petit, ils prendront conscience qu'ils sont détenteurs d'un trésor, inviteront des visiteurs, écarteront les importuns, partagerons ...peut-être.
    Je garde cet extrait comme un outil, merci.
    A très vite

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  3. Dieu sait que ce Balthazar a l'art et la manière de souvent m'agacer, mais je dois dire que votre extrait choisi est de premier choix !
    Quant à votre dialogue, un vrai délice !
    Je vous l'ai déjà dit et tant pis si je me répète, mais vous excellez quand vous intervenez et particulièrement dans cet exercice ci !!!
    A quand une prochaine pièce de théâtre écrite par vos soins dans cet état d'esprit très proche de Beckett ?
    Bien à vous.

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  4. Tellement...que j'en ai écorché son prénom !!! Mais pourquoi ai-je donc rajouté un "h" et mis un "z" à la place d'un "s" ? C'est lui faire bien trop peu d'honneur alors que lui écrit si bien !!! Je mérite au moins le bucher pour une telle infamie ! Il n'est pas donné à tout le monde d'être une sorcière, mais j'avoue mes pêchers !!! Une faute reconnue devrait pouvoir être, au moins, à moitié pardonnée, non ?

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  5. Un ramasseur de fruits sur l'île de La Barthelasse22 novembre 2011 à 19:20

    Larissa (en grec Λάρισα / Lárisa) est une ville grecque située au bord du fleuve Pénée. Elle est le chef-lieu de la Thessalie.
    La flache c'est autre chose et il est préférable d'avoir le bien marin.
    Larissa avez-vous le pied marin ?

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  6. Pour Mathilde.
    Un H, une hache...tiens, tiens, dirait Sigmund!

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  7. Maia bien vu pour Sigmund, à moins qu'il ne s'agisse plutôt de Jacques, mais dans tous les cas je n'ai absolument pas l'âme d'une guerrière !!! :)Mon inconscient serait donc encore beaucoup plus subtil et mystérieux que cela !!! ;)

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  8. Chères lectrices, chers lecteurs, loin de Tout ces derniers jours, j'en reviens ce soir.
    Loin de tout : si près de Rien !

    Philippe Chauché

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  9. Mathilde, une telle légèreté à l'encontre de Gracian mérite que l'on vous fesse.

    Philippe Chauché

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  10. Cri de la Vallée23 novembre 2011 à 14:24

    Cher Pilippe, chere Matilde, Chère Mahia,

    L' H tait souvent l'essentiel, le vital. C'est d'ailleurs la seule chose qu'il soit nécéssaire d'H tait dans la mesure où cela régit l'intime. Ce qui se tait peut se suggérer pour être deviné, mais le dévoiler est déjà trop, quant à le clamer, ma foi, à mon sens, vous pressentez mon avis puisque vous semblez être adeptes de la fée sait, qui sait...

    Main tenant, je ne suis pas une érudite au point de faire des citations, ma production est donc tout à fait individuelle, sauvage mais contrôlée. Par moi ...

    Cri de la Vallée

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  11. Ma belle Cri... tu es très en forme... comme d'habitude !!! C'est monsieur Philippe ChaucHé qui va être heureux à son retour de voir son blog transformé en salon du 18ème siècle !!! En espérant que ton commentaire ne va pas l'H chevet !!! Mais, j'ai dans l'idée qu'il lui en faut plus que cela pour s'H cheminée vers des voies descendantes puisqu'on ne peut y trouver ici aucune condescendance !!!

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  12. Cri de la Vallée23 novembre 2011 à 15:07

    Chère Mathilde,

    Pérégrine, je ne suis qu'une lectrice intermittente de Chauché écrit. Certes, cette page ouverte est une invite à l'expression, au jeu des mots, mais c'est un peu comme visiter un appartement quand l'occupant est absent.
    En effet, qu'avons nous fait de Monsieur Chauché? Car c'est CHEZ LUI que nous sommes, et nous devisons comme des amies de longue date. Je ne sais pas si tu connais notre hôte, moi non. De lui je ne sais rien, hormis qu'il aime la corrida puisque j'avais répondu à l'une de ses publications, et qu'il a l'air gourmand.
    Gourmet?
    Je ne pourrais trancher.

    En tous cas il revendique manifestement un raffinement mais savoir s'il appréciera de voir ses pages investies par un gynécée volubile (auquel ne manque que Maïa alors viens vite, viens nous rejoindre ma belle ! )...

    Pour ne pas être ingrate je terminerai donc en Vous remerciant, Monsieur Chauché, de cette divertissante halte que vous m'avez offerte fût-ce à votre corps défendant.

    Bien à vous, Monsieur Chauché

    Je vous claque la bise les filles

    Cri de la Vallée

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  13. Chères les filles!
    Monsieur Chauché, affûte sans nul doute son chasse-mouche verbal, pour, d'un revers de subjonctif, éloigner le bourdonnement incessant qui lui chatouille les oreilles. L'image d'un salon XVIII doit finalement ravir notre hôte. A semer tant de mots il fallait bien qu'il récolte des tempêtes de verbes!
    Vous le croyez parti? Il est caché derrière le paravent et se délecte de tous nos bavardages. Allez, sortez de votre cachette, monsieur Philippe au H inspiré. J'espère que notre trio vous aurez amusé.
    Quant à vous, chères les filles, quand et où se retrouve-ton la prochaine fois?

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  14. Chères les filles!
    Monsieur Chauché, affûte sans nul doute son chasse-mouche verbal, pour, d'un revers de subjonctif, éloigner le bourdonnement incessant qui lui chatouille les oreilles. L'image d'un salon XVIII doit finalement ravir notre hôte. A semer tant de mots il fallait bien qu'il récolte des tempêtes de verbes!
    Vous le croyez parti? Il est caché derrière le paravent et se délecte de tous nos bavardages. Allez, sortez de votre cachette, monsieur Philippe au H inspiré. J'espère que notre trio vous aurez amusé.
    Quant à vous, chères les filles, quand et où se retrouve-ton la prochaine fois?

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  15. Cri dans les couloirs vides25 novembre 2011 à 06:20

    Chère Maïa,

    Je pense qu'en fait les pages des uns et des autres nourriront nos facéties épistolaires notre bonne humeur. Monsieur Chauché, qui m'est inconnu, a étébien hospitalier. Peut-être l'investirons nous de nouveau? En tous cas, l'échange était bien amusant, même en l'absence de l'hôte. Mais à te lire, peut-être n'était-il pas si absentais ça? AAAHHHH MON DIEU !!!!!!!!

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  16. Cri de la vallée (sortie du couloir)25 novembre 2011 à 06:23

    Correction: absent QUE ça! (trop dur de tâter avec des moufles)

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  17. Cri l'analphabète25 novembre 2011 à 13:07

    Pas tâter! Pffffff taPer!!!!!! Avec un P

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