samedi 16 mars 2013

L'Or du Siècle

" Existerait-il un esprit des lieux ? Né et mort à Cordoue, l'hermétisme de Góngora continue la tradition poétique des musulmans adalous, épris, eux aussi, de perfection formelle. On respire un parfum d'Orient dans l'oeuvre de Góngora. Telle les ornementations des stucs de l'Allambra, ses métaphores s'engendrent l'une l'autre, se développent et s'épanouissent sans fin. " (1)




Les Sonnets de Góngora ne se lisent pas comme d'ordinaire on lit la poésie, ils demandent à nos sens une rare concentration. Qui cherche ici, quelque effet du beau, quelque réjouissante vision poétique du monde, quelque résonance musicale de la phrase en sera pour sa déception. On est dans un ailleurs, au coeur de la pierre poétique à la foi brute et d'une grande sophistication, à plus d'un titre comme chez Mallarmé, dans le mouvement tellurique de la pensée, et donc de l'écriture,  certains dirons de la prière, dans ce qu'elle a de profondément abstrait, mais dans une abstraction nourrie d'éclats d'une précision rare de ce que voit le poète, et sa vision n'est pas là pour rassurer ou amuser le lecteur distrait, mais pour le traverser comme une lame d'acier.

" Au coucher du soleil la nymphe chère
de fleurs dépouillant de vert plain,
autant coupait sa belle main,
autant son blanc pied faisait naître.

Ondoyait le vent en sa course
l'or fin en elle d'une erreur galante,
telle la feuille verte au peuplier touffu
s'agite au rouge point du jour.

Mais sitôt qu'elle eut ceint ses belles tempes
des variées dépouilles de sa robe
( borne soudaine entre l'or et la neige ),

je jurerai : brilla mieux sa guirlande
d'être de fleurs, l'autre à être d'étoiles,
que celle qui le ciel illustre, ses neuf feux. " (2)



à suivre

Philippe Chauché

(1) Dictionnaire amoureux de l'Espagne - Michel Del Castillo - Plon - 2005
(2) Sonnets - Góngora - traduc. Bernard Turner - Imprimerie Nationale Editions - 1998

4 commentaires:

  1. Cher Felipe,

    C'est Quevedo qui traitait Góngora de pendejo. Il n'avait pas entièrement tort.

    À vous,

    Federico

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  2. Comme vous y allez mon cher Federico !
    Engourdi parfois !

    A vous amigo.

    Felipe

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  3. Le concon désigne la vantardise et la grandiloquence des louanges adressées à la joie, à l’enthousiasme, à l’exaltation, à la volonté de puissance, à l’ivresse, au dionysiaque, à la vie, au vital, à la vitalité, au solaire, au lumineux. Un échantillon du concon? Ce poème de Góngora cité par...

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  4. Conseil au Docteur S.

    " L'homme n'est grand qu'en proportion de l'estime qu'il a pour lui-même. Ainsi évitez les rôles inférieurs et la compagnie des gens méprisables : ces dédaigneux finissent par se faire croire." Marie-Jean Hérault De Séchelles

    A vous

    Un certain Chauché

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