dimanche 11 janvier 2009

La Courbe du Temps

Je fixe les éclats d'or du plafond de mon atelier d'écriture, et les couleurs se diffusent dans mon sang, respire dans le tumulte ambré de la musique, et observe avec chaleur les mains de la pianiste, c'est un volcan, une effusion, une fleur.
Tout est très simple, j'ouvre les fenêtres de mon atelier et souris à la rue.



" Par une logique singulière, le sujet amoureux perçoit l'autre comme un Tout (à l'instar du Paris automnal), et, en même temps, ce Tout lui paraît comporter un reste, qu'il ne peut dire. C'est tout l'autre qui produit en lui une vision esthétique : il le loue d'être parfait, il se glorifie de l'avoir choisi parfait ; il imagine que l'autre veut être aimé, comme lui-même voudrait l'être, non pour telle ou telle de ses qualités, mais pour tout, et ce tout, il le lui accorde sous la forme d'un mot vide, car Tout ne pourrait s'inventorier sans se diminuer ; dans Adorable ! aucune qualité ne vient se loger, mais seulement le tout de l'affect. Cependant, en même temps qu'adorable dit tout, il dit aussi ce qui manque au tout ; il veut désigner ce lui de l'autre où vient s'accrocher spécialement mon désir, mais ce lieu n'est pas désignable ; de lui, je ne saurai jamais rien ; mon langage tâtonnera, bégaiera toujours pour essayer de le dire, mais je ne pourrai jamais produire qu'un mot vide, qui comme le degré zéro de tous les lieux où se forme le désir très spécial que j'ai de cet autre-là (et non d'un autre). " (1)

à suivre
Philippe Chauché

(1) Fragments d'un discours amoureux / Roland Barthes / Collection " Tel Quel " aux Éditions du Seuil

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