vendredi 28 janvier 2011

Ainsi va le Temps (53)



" Souviens-toi de ton créateur
aux jours de ton adolescence,
avant que ne viennent les jours de malheur,
et que n'arrivent les années dont tu diras :
" je n'y ai aucun plaisir ! " ;

avant que ne s'obscurcissent le soleil,
la lumière, la lune et les étoiles
et que ne reviennent les nuages après l'averse,

au jour où trembleront les gardiens de la maison,
où se courberont les hommes vigoureux,
où cesseront celles qui moulent,
parce qu'elles seront trop peu nombreuses,
où s'obscurciront celles qui regardent aux fenêtres,

où seront fermés les deux battants de la rue,
au jour où baissera le bruit du moulin,
où on se lèvera à la vois du passereau
et où s'atténueront tous les chants ;

et aussi d'en haut on aura peu
et ce seront des terreurs sur le chemin ;
l'amande sera dédaignée,
la sauterelle deviendra pesante
et la câpre inefficace,
car l'homme s'en va vers sa maison d'éternité
et les pleureurs circulent dans la rue ;

avant que ne se détache le câble d'argent,
qui ne se brise le globe d'or,
que ne se casse la cruche à la fontaine
et que ne se brise la route à la citerne ;

avant que la poussière ne retourne la terre,
selon ce qu'elle était,
et que le souffle ne retourne à Dieu
qui l'a donné.

Vanité des vanités, a dit le Qôhéléth.
Tout est vanité. " (1)


C'est ainsi, pense-t-il, il est des hommes et des textes dont la fréquentation est réjouissante.

à suivre

Philippe Chauché

(1) L'Ecclésiaste / traduct. Antoine Guillaumont / La Bible / Bibliothèque de la Pléiade / Gallimard / 1959

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Laissez un commentaire