dimanche 23 novembre 2008

L'Epée du Peintre



" Je ne sais plus où mettre mes yeux ! " Il lui suffirait pourtant d'abandonner un instant la machine infernale qu'elle s'est comme tant d'autres collée à l'oreille, machine à dire semble-t-il ce qui est montré là, machine à compresser le rêve, à réduire les envies et les passions, machine contre oreille, machine contre oeil, machine contre coeur, machine contre pensée permanente. Il lui suffirait simplement de regarder droit devant elle, droit dans la toile, au coeur de la couleur, de la musique, du mouvement, de l'écriture, au coeur de ce peintre là, qui n'est pas n'importe qui, qui d'ailleurs en doute ? Elle penserait à cette fin (?) de vie de peintre, aux mousquetaires armés, aux femmes éclatantes, a l'espace délivré, à la couleur qui explose. Picasso : déflagrations, séisme, Picasso de face, dans le corps retourné du détournement permanent de la peinture, et de la passion jamais démentie de la peinture, passion de Goya, Vélasquez, passion de Manet, regards vifs en direction de Zurbaran, étude fine, musicale de Cézanne, les peintres entrent dans son atelier, ils se bousculent, qui d'autre en aura tant invité, sans jamais les copier. Picasso : éblouissement de l'acte d'admiration, acte de vie contre la mort des peintres, vous ne m'aurez pas, vous ne les aurez pas dit-il, on les dit morts, je les entends, on me veut mort, il faudra vous y faire, je suis immortel, certes comme un torero je peux m'offrir à ce sacrifice rituel qu'est la peinture, mais c'est du théâtre tout cela, je vis, je peins, je jouis et si vous en doutez écoutez que ce disent mes toiles de tout cela. (1)



à suivre

Philippe Chauché

(1) Picasso un peu partout en ce moment à Paris, il faut s'y glisser la nuit dans la musique lunaire des amours secrets. Picasso plus que jamais au centre du sexe, Picasso plus que jamais dans la question si simple et si complexe de la jouissance, il faut simplement savoir où nous en sommes avec notre propre jouissance pour le comprendre.

2 commentaires:

  1. Euh...excusez-moi d'intervenir dans votre si grand et beau enthousiasme pour monsieur Picasso...mais ce que vous dîtes me semble toutefois, un peu restrictif ! On peut très bien savoir où nous en sommes avec notre propre jouissance et ne pas être sensible à sa peinture (même s'il faut admettre qu'il était très fort en association de couleurs) et inversément! Mais soyons humains : si je devais apprécier tout ce que vous dîtes, tous les extraits que vous choisissez en littérature et en musique, ça ne serait plus du tout intéressant !!! M.

    RépondreSupprimer
  2. Picasso... ah Picasso, et Dali aussi...mon préféré.
    Je sais ou j'en suis... Sourires!

    RépondreSupprimer

Laissez un commentaire