samedi 15 janvier 2011

Ainsi va le Temps (44)

Il se dit voilà un petit livre qui nous réconcilie avec la nouvelle année, si d'ailleurs nouvelle année il y a.
Voilà un petit livre qui va faire des jaloux chez les écrivains, ce qui pense-t-il est plutôt amusant, et commencer l'année par un éclat de rire tranchant comme un couteau ou les dessins de Bernard Buffet, n'est pas pour me déplaire écrit-il.
Sagan a traversé la vie et la littérature avec une belle nonchalance agitée.
Ses livres se lisent comme l'on boit une coupe de champagne en terrasse du Palais à Biarritz en belle compangie, et en invitant en pensée un chauffard ivre à tout faire pour que ça soit le dernier.

Sagan a un sourire de nostalgie inquiète qui l'accompagne souvent lorsqu'à son tour, il prend le risque d'écrire vite et peu avant de s'endormir sous le bleu du ciel, l'une de ses occupations préférées.
Les valets nourris de moraline détestent Sagan, grand mal leur fasse.

" Dimanche. Deuxième jour à la clinique. Ciel bleu, peupliers frémissants mais je n'ai pas une grande impression de campagne. " (1)

" Mardi. Il parait que ça va devenir plus difficile. Je le crois volontiers, j'étouffe depuis ce matin. Il faut, paraît-il, s'accrocher. L'esprit monte et descend entre deux crises, sans cesse. Décrocher le téléphone, garder cet air courageux, expliquer posément que décidément ce pas supportable comme ça. Ils feront quelque chose, quelque chose qui retardera le moment où je partirai. Tout ce que je fais pour moi est contre moi, c'est assez épouvantable. " (1)

" Je crois que je ne suis plus amoureuse de personne. - Cette terrible constatation vaut bien un alinéa. J'ai, malgré moi, quoiqu'il arrive, la pensée ou l'écriture littéraire. -
Je sais ce qu'il me reste à faire ; je vais m'éprendre de moi, me soigner, me bronzer, me refaire les muscles un par un, m'habiller, me ménager infiniment les nerfs, me faire des cadeaux, me jeter dans les glaces des sourires troublés. M'aimer. Sans doute un passant en 1958 arrêtera-t-il cette lente glissade vers la schizophrénie. Et sans doute sera-t-il ?. " (1)

" J'aimerai écrire des choses qui se passent en Espagne, avec du sang et de l'acier, ou à Florence sous les Borgia (?) mais non. " (1)

" Dans la grande maison de vitres encore ruisselantes, les enfants en deuil... " Après le déluge, Rimbaud. Je me rappelle un après-midi, très tôt, sur la plage d'Hendaye où j'avais connu, seule, avec ces poèmes, un très grand bonheur. " (1)

Et tout est ainsi, ajoute-t-il, rigoureusement défaillant.

à suivre

Philippe Chauché

(1) Toxique / Françoise Sagan / Illustrations de Bernard Buffet / Le Livre de Poche


1 commentaire:

  1. On s'absente et vous écrivez plus vite que notre ombre...
    Mais j'ai rattrapé le retard !
    Maia

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