lundi 2 mai 2011

Visage du Roman (30)



" La prose bavarde : le babil de l'enfant, et pourtant l'homme qui bave, l'idiot, l'homme des larmes, qui ne se retient plus, qui se relâche, sans mots lui aussi, dénué de pouvoir, mais tout de même plus proche de la parole qui coule et s'écoule, que de l'écriture qui se retient, fût-ce au-delà de la maîtrise. En ce sens, il n'y a silence qu'écrit, réserve déchirée, entaille qui rend impossible le détail. " (1)

S'installer dans le silence, comme sur un transat, une coupe de champagne dans une main et un revolver dans l'autre.

" Écrire peut avoir au moins ce sens : user les erreurs.
Parler les propage, les dissémine en faisant croire à une vérité.
Lire : ne pas écrire ; écrire dans l'interdiction de lire.
Écrire : refuser d'écrire - écrire par refus, de sorte qu'il suffit qu'on lui demande quelques mots pour qu'une sorte d'exclusion se prononce, comme si on l'obligeait à survivre, à se prêter à la vie pour continuer à mourir. Écrire par défaut. " (1)

Son style : une faillite non déclarée.

" Ne nous confions pas à l'échec, ce serait avoir la nostalgie de la réussite. " (1)

Il passe ses nuits à observer les étoiles et les rats : vision du monde.

" L'écrivain, l'insomniaque du jour. " (1)

La jouissance : comme en équitation, on finit toujours par être désarçonné.




à suivre

Philippe Chauché

(1) L'Écriture du désastre / Maurice Blanchot / Gallimard / 1980

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