vendredi 9 septembre 2011

Ma Librairie (13)



" L'art peut naître d'une simple passe, une naturelle par exemple. Il suffit qu'elle soit si simple, si claire, si lente et si dépouillée de toute corporéité, qu'il n'en reste plus que le trait immatériel, infiniment prolongé. Une sorte de forme pure. " (1)

Pour qui se risque de temps en temps, à la bonne place, sur un tendido d'une arène sur les hauteurs de Bayonne, sur les bords de l'Adour, à quelques pas du Rhône ou du Guadalquivir, dans un amphithéâtre aux pierres blondes, une naturelle qui se déploie avec la profondeur, la lenteur, et la complexité invisible, la seule qui mérite attention, est à chaque fois un éblouissement. Ce trait là, note-t-il, nous remet au coeur même de ce que savons ou croyons savoir de la finalité d'une faena, et cette situation où chaque geste du torero " qui en a le goût ou le talent, façonne ses qualités - ses apparences " (2) devient un style, une apparence soulignée par Gracian, et cette apparence n'a évidemment rien de naturelle d'autant plus si c'est ainsi qu'on la nomme.

Toute rencontre amoureuse procède elle aussi et avant tout du style, et n'a jamais rien de naturelle.



photo Joaquin Vidal


à suivre

Philippe Chauché


(1) L'appel de Séville / Francis Wolff / Au Diable Vauvert / 2011
(2) Sur le blabla et le chichi des philosophes / Frédéric Schiffter / Puf / 2002

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