lundi 14 janvier 2008

Roland Barthes nécessairement

Roland Barthes publie en 1979 son "Roland Barthes par Roland Barthes" dans la collection "écrivains de toujours" aux éditions du Seuil, et c'est l'écrivain que l'on veut toujours et uniquement présenter comme sémiologue et critique qui écrit l'ouvrage, sous la belle protection de l'art romanesque. Tout ceci doit être considéré comme dit par un personnage de roman. C'est dit, et il fallait le dire.
Dans l'ouvrage Barthes l'amateur de photographie, le géographe des mots et des noms propose un petit jeu passionnant : J'aime, je n'aime pas. Voilà notamment ce que l'on peut lire dans ce petit livre lumineux :
J'aime : la salade, la cannelle, le fromage, les piments, la pâtes d'amandes, l'odeur du foin coupé (j'aimerais qu'un "nez" fabriquât un tel parfum), les roses, les pivoines, la lavande, le champagne, des positions légères en politique, Glenn Gould, la bière excessivement glacée, les oreillers plats, le pain grillé, les cigares de Havane, Haendel, les promenades mesurées, les poires, les pêches blanches ou de vignes, les cerises, les couleurs, les montres, les stylos, les plumes à écrire, les entremets, le sel cru, les romans réalistes, le piano, le café, Pollock, Twombly, toute la musique romantique, Sartre, Brecht, Verne, Fourier, Eisenstein, les trains, le médoc, le bouzy, avoir la monnaie, Bouvard et Pécuchet, marcher en sandales le soir sur de petites routes du Sud-Ouest, le coude de l'Adour vu de la maison du docteur L., les Marx Brothers, le serrano à sept heures du matin en sortant de Salamanque, etc.
Petit jeu, si proche du questinnaire de Proust, voici le mien :
J'aime : m'asseoir dans au soleil dans les arènes de Madrid, les cigarettes blondes un peu fortes, les chemises blanches, Joselito, Manazanres, José Tomas, le café très noir, le whisky écossais trés tourbé, Sollers, Erri de Luca, Novarina, les vins de Cairanne et de Sauternes, la voix de François Mauriac et celle de François Martouret, les dérives de Pessoa, les actrices des films de J.L.G., prendre le train, passer le cap du figuier à la voile, Mozart, Bach, Ornette Coleman, avoir très chaud, l'eau pétillante, les chauve souris, les chouettes, la cour d'honneur du Palais des Papes au printemps, le vol des martinets sous le soleil déclinant du mois de juillet, écouter en silence, lire la nuit, Martha Argerich, Glenn Gould, le parfum du romarin dans les rues de Séville, les montres mécaniques, la solitude habitée, le silence des plages des Saintes Maries de la Mer l'hiver, les aphorismes rigolos de Cioran, mes joutes verbales dans le Cloître des Carmes, la sieste, déambuler dans les rues de Bordeaux, la lumière du Sud-Ouest, me lever tôt et me coucher tard, les petits livres que l'on peut glisser dans les poches d'une veste, les costumes noirs, le vin blanc sur le port de Sanlucar, etc."
Voilà ce qu'en dit l'un des personnage d'un roman à paraître :
" J'aime : ne rien faire, les musiques de Miles Davis, les couleurs de Cézanne, les femmes de Picasso, la forme de mes seins, que l'on me séduise, m'allonger nue au soleil, le champagne, les nuits blanches, Ezra Pound, Proust, les messes de Mozart, les chansons de Gainsbourg, les mélodies des Beatles, Venise, Paris, la neige, le Paradis de Dante, les rougets grillés, me lever tard, les bagues en or, mes amoureux, l'amour le matin, le café très fort, le poisson grillé, les livres anciens, me lever tard aprés l'amour, le thé vert, la confiture de melon et ses morceaux de noix, les dérives dans les rues de Madrid, l'horchata, les mains des pianistes, les cigarettes blondes, les émissions de radio la nuit, etc. Cela pourrait s'écrire à nouveau sur l'instant et dans le mouvement, calle Estafeta, plaza Mayor, impasse de la Résurrection, sur les plages de la Côte des Basques, rue de Gascogne, place Saint Didier. S'improviser sur les corps admirés à Séville, Bilbao, sur la promenade de la Concha où les ombres des ailes de mouettes font écho aux sculptures de Chilida, dans un bateau mouche sur la Seine, à la terrasse de l'Hôtel du Palais face au large."
à suivre ici même ce soir ou demain.

Philippe Chauché

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