jeudi 23 octobre 2008

Les Corps Offerts



" Sur les évolutions des acrobates, le bonheur des amoureux, les quêtes de leur désir, les danseurs du temps, l'extase qui les porte, l'arc bandé et le cri étrange qui la concluent.
Il y a une connivence virtuose des corps quand ils désirent qui le fait parvenir à peu près à l'état de célestes.
Ils s'envoyaient en l'air.

Si le paradis a des habitants, ce sont les acrobates.
Le septième ciel où ils volent et tournoient comme des oiseaux dans le ciel.
Des écureuils sur le tronc des arbres.
Des cabris sur la paroi toute blanche de neige de la montagne.
La crainte de tomber et de mourir excite l'âme.
Ou l'invente.
Il y a une joie d'abîme dans les caprices des cabris. (1)

C'est en danseur que nous devons nous fondre dans la vie réelle et épouser le temps, les amours du temps piègent le diable, les sauts et les glissements déjouent les piègent que l'on nous tend, les corps qui s'élèvent trompent l'apesanteur générale, c'est en danseur que nous défions la misère générale. L'espace, le ciel nous appartiennent, les fleurs invisibles que nos ailes frôlent nous couvrent de parfums paradisiaques, nos amoureuses l'ignorent, même si parfois l'étrangeté de notre regard les trouble, les oiseaux de nuit que nous croisons dans nos dérives enjouées nous parlent du rêve secret des flèches des cathédrales, des feuilles des platanes centenaires, des romans des étoiles qui brûlent leurs plumes, et de la mémoire des villes qui s'élève portée par le vent venu de la mer.

à suivre

Philippe Chauché


(1) Danse / Les Paradisiaques / Pascal Quignard / Grasset

2 commentaires:

  1. En résumé : l'envol orgasmique du danseur se prenant pour un oiseau défiant le temps et l'espace, pourrait être une autre définition de la véritable illumination, éradiquant toute trace de souffrance. M.

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  2. Quand l'oiseau descend de son perchoir, il n'est que criblé de balle.

    L'oiseau en cage, n'ose sortir, bien que la porte fut laissée entre ouverte.

    Au combien l'oiseau s'envoyait en l'air, restant sur son perchoir à contempler la misère, il ne peut que briller tant qu'il n'est point à porter d'atteinte.

    Le perchoir disparait, que reste-t-il à l'oiseau?

    Des ailes coupées, il ne peut plus voler.

    L'oiseau sans ailes, criblé de balle... tellement son envol fut convoité, ne peut plus voler.

    Les ailes trop lourdes, tombent.

    Les balles qu'ils portaient, cachées sous ses ailes, ne cessent de l'appeler.

    Quand l'oiseau ne vole plus, qu'appelle-t-on oiseau?

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