vendredi 1 juillet 2011

Les Vertiges du Hasard (3)



" Ils étaient allongés tous les deux maintenant, silencieux, et le colonel sentait battre le coeur de la jeune fille. Il est facile de sentir battre un coeur sous un chandail noir tricoté par quelqu'un de la famille ; et la chevelure sombre gisait longue et lourde, sur le bras valide. Lourde ? Non, songea le colonel, rien de plus léger au monde. Et la jeune fille était là, calme et aimante ; et tout ce qu'ils possédaient était en totale communion. Il l'embrassa sur la bouche, doucement et avidement, puis ce fut soudain comme s'il y avait eu de la friture sur la ligne, alors que la communication avait été parfaite jusqu'alors.
- Richard, dit-elle. Je regrette que les choses soient si difficiles.
- Il ne faut jamais regretter, dit le colonel. Ne jamais parler de bilans et de pertes, ma fille. " (1)

- Voyez-vous, chère confidente, j'ai tendance a séparer en deux mes fréquentations, celles qui ont lu et relu Au-delà du fleuve et sous les arbres et celles qui, soit ignorent qu'un tel livre fut un jour écrit, soit maudissent à jamais cet écrivain guerrier, chasseur, amateur d'alcools, de toros et de femmes, autrement dit un homme dangereux pour les progrès de l'humanité et avant tout des "femmes en révolte contre les hommes", j'avoue que cette sentence en surprend plus d'une, et me fâche avec tant d'autres, et ce qui me connaissent, n'en seront pas surpris.

à suivre

Philippe Chauché

(1) Au-delà du fleuve et sous les arbres / Ernest Hemingway / traduc. Paule de Beaumont / Gallimard / 1965

2 commentaires:

  1. "la mort, c’est de la merde, pensa-t-il. Cela vous vient par fragments minuscules dont on voit à peine par où ça vous pénètre. Ca vient, parfois atrocement"...
    Sans ma visite quotidienne à votre blog j'oublierai des livres... Pour me rafraîchir la mémoire. Merci
    Maia

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  2. Je salue ici même Maia votre amicale visite, portez-vous le mieux du monde.
    Et continuons à foudroyer la mort et ses admirateurs.

    Philippe Chauché

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