samedi 31 mai 2008

Les Frégates Noires (2)



Vos longues voiles noires se croisent dans le ciel de la rue des Vierges, vos éclats d'ailes donnent consistance à ma pensée.
Lorsqu'ils s'adonnent au temps du vol vif, les martinets de la ville des Vierges célestes, sont de fins pinceaux d'encre de chine, des suspensions vibrantes du temps aimé.



" ... Les femmes que nous avons pu aimer, beaucoup plus que celles que nous aimons sont au ciel de vos ballets, et ce que nous écrivons pour vous c'est aussi pour qu'elles le lisent, car où que vous voliez elles sortent de leur ancienne paralysie et profitent de votre correspondance pour entendre à nouveau une lecture de lettres... Vous bordez le ciel d'un liseré testamentaire, la seule chose qui reste du souvenir du jour. Le parchemin où il est garanti qu'il fut pour un jour notre ciel... (1)



Je vous retrouve dans le printemps de la ville, rayonnants dans la rue pavée des Vierges gracieuses, je vous admire lorsque vous accompagnez de vos cordes portées les voix qui résonnent dans la Cour d'Honneur du Palais des Papes.


Régulièrement vous me donnez des nouvelles des fées que vous croisez le soir dans vos escapades nuageuses, vous me réveillez en grattant de votre plumier les carreaux des hublots de mon navire du siècle d'Or, et vous me conduisez dans des lieux que vous seuls connaissaient et qui abritent tous les secrets de plume de la ville des Vierges éblouies.




" ...En passant, vous passez par les miroirs comme un avertissement contre les cheveux blancs et vous faites ce qu'il faut pour rajeunir ceux qui croient en vous, car vous serez un jour la dernière mèche noire de leurs chevelures blanches... " (1)



Lorsque l'orage et la pluie défigurent le printemps, vous vous cachez dans les caves peintes où vous jouez au poker avec des merles et des chouettes chevêches.

à suivre


Que mille lunes rousses éclairent ton regard



Philippe Chauché



(1) Lettres aux hirondelles et à moi-même / Ramon Gomez de la Serna / André Dimanche Éditeur








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