jeudi 20 mai 2010

Journal Océan (3)

Il écrit, ici le Temps a une autre résonance. Vu ce matin un merle qui le fixait, aucun des deux ne bougeaient, au bout d'une dizaine de minutes il s'est envolé. Il s'est dit, il doit en savoir assez sur moi, alors il disparaît, lassé ou amusé, lui seul le sait. Il a ouvert la fenêtre et allumé sa première cigarette de la journée, le merle au bec jaune ne reviendra pas de la journée, a-t-il pensé, il a bien d'autres choses à faire. Il s'est un temps demandé, mâle ou femelle ? Peu de temps finalement !

Il écrit, ici les livres prennent une autre couleur. Il ajoute, j'ai passé une grande partie de la nuit plongé dans le Journal de Kafka, les insomnies ouvrent un autre champ et un nouveau chant, littérature absolue, absolu de la phrase, une manière de Paradis, même si l'Enfer rôde :

" Tenir ferme le journal à partir d'aujourd'hui ! Écrire régulièrement ! Ne pas se déclarer perdu ! Et quand bien même la délivrance ne devrait pas venir, je veux à tout instant être digne d'elle. " ( 25 février 1912 ) (1)

" Toujours la même pensée, le désir, la peur. je suis cependant plus calme que d'habitude comme si une grande transformation était en train de s'accomplir dont je serais le frémissement lointain. C'est trop dire. " ( 6 juillet 1919 ) (1)

Il ajoute, toujours les mêmes pensées, désir, joie, délivrance, écrire, et au bout du compte, ne conserver qu'un seul mot. J'écris, pense-t-il, c'est la délivrance de mon désir, c'est la joie du vide.

à suivre

Philippe Chauché

(1) Journal de Kafka / traduc. Marthe Robert / Grasset / 1954

2 commentaires:

  1. Écrire, lire, nécessaires postures pour appréhender SON propre monde dans un univers infiniment ouvert à tous les possibles, même celui du vide, ou de la sereine vacuité !

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  2. Merci de votre aimable visite.

    Bien à vous.

    Philippe Chauché

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