La Magnificence du Présent, c'est à cela qu'il pense, en ce matin Océan et froid.
Il a glissé dans ses bagages du Temps quelques livres éternels.
Il lit comme l'on aime, avec ce détachement gracieux et silencieux.
Il aimait comme on lit, mais c'est une autre histoire.
Il écrit la Magnificence du Présent, est un éclair de peau qui fait de l'Instant une résurrection.
Ouvrez un livre et n'en dites rien à personne, embrassez ses courbes imprimées, et n'en dites rien à personne, glissez-le sous votre peau et n'en dites rien à personne. Seule l'Admirable sait cela.
Il se dit, les livres délivrent et offrent leur peau au Temps de l'Instant. Il ouvre un petit ouvrage à la blancheur douce qu'il s'est procuré quelques jours plus tôt lors d'un déballage rituel dans l'une des rues les plus connues de la ville aux Vierges Perchées. Pour deux pièces il change de main. Il lit :
"... devant mon ébahissement à la vue de cette monumentale conque de pierre et de brique, ceinte de vieilles demeures, qu'on s'entend généralement à considérer comme l'une des plus belles places du monde - ce qu'elle est, à n'en pas douter, pouvant même être rangée ces rares espaces urbains d'où émane, en beauté comme en harmonie, la puissance d'un paysage naturel, témoignant ainsi chez l'homme d'une faculté démurgique égale à celle des dieux -, la jeune femme me saisit la main en me disant : " Je ne voudrais pas te perdre ". (1)
Autre espace ouvert, autre temps, autre livre et peut-être le même, face aux vagues blondes, il lit :
" ... la multiplicité de mes amantes m'ayant progressivement amené à la conclusion que rien n'est plus difficile pour deux corps inconnus l'un à l'autre, à priori quand leurs coeurs ne s'accordent nullement, que d'établir d'entrée, lors de leur première vision, un langage commun, si bien qu'en définitive ceux-ci se contentent la plupart du temps de soliloquer chacun de leur côté, dans leur idiome propre, ne parvenant à échanger dans le meilleur des cas que des généralités, des lieux communs, conférant par là à leur colloque horizontal un tour assez oiseux, insignifiant dans le fond et grossier dans la forme, assez comparable somme toute à celui que présentent les coïts dans les films pornographiques... " (2)
Il sait d'évidence, que la Magnificence du Présent s'éloigne et se rapproche, comme une vague, à chaque seconde des deux petits livres blancs posés sur le sable. Au large les mouettes n'en doutent pas un instant.
à suivre
Philippe Chauché
(1) Renaissance Italienne / Eric Laurrent / Éditions de Minuit / 2008
(2) Clara Stern / Eric Laurrent / Éditions de Minuit / 2005
Il a glissé dans ses bagages du Temps quelques livres éternels.
Il lit comme l'on aime, avec ce détachement gracieux et silencieux.
Il aimait comme on lit, mais c'est une autre histoire.
Il écrit la Magnificence du Présent, est un éclair de peau qui fait de l'Instant une résurrection.
Ouvrez un livre et n'en dites rien à personne, embrassez ses courbes imprimées, et n'en dites rien à personne, glissez-le sous votre peau et n'en dites rien à personne. Seule l'Admirable sait cela.
Il se dit, les livres délivrent et offrent leur peau au Temps de l'Instant. Il ouvre un petit ouvrage à la blancheur douce qu'il s'est procuré quelques jours plus tôt lors d'un déballage rituel dans l'une des rues les plus connues de la ville aux Vierges Perchées. Pour deux pièces il change de main. Il lit :
"... devant mon ébahissement à la vue de cette monumentale conque de pierre et de brique, ceinte de vieilles demeures, qu'on s'entend généralement à considérer comme l'une des plus belles places du monde - ce qu'elle est, à n'en pas douter, pouvant même être rangée ces rares espaces urbains d'où émane, en beauté comme en harmonie, la puissance d'un paysage naturel, témoignant ainsi chez l'homme d'une faculté démurgique égale à celle des dieux -, la jeune femme me saisit la main en me disant : " Je ne voudrais pas te perdre ". (1)
Autre espace ouvert, autre temps, autre livre et peut-être le même, face aux vagues blondes, il lit :
" ... la multiplicité de mes amantes m'ayant progressivement amené à la conclusion que rien n'est plus difficile pour deux corps inconnus l'un à l'autre, à priori quand leurs coeurs ne s'accordent nullement, que d'établir d'entrée, lors de leur première vision, un langage commun, si bien qu'en définitive ceux-ci se contentent la plupart du temps de soliloquer chacun de leur côté, dans leur idiome propre, ne parvenant à échanger dans le meilleur des cas que des généralités, des lieux communs, conférant par là à leur colloque horizontal un tour assez oiseux, insignifiant dans le fond et grossier dans la forme, assez comparable somme toute à celui que présentent les coïts dans les films pornographiques... " (2)
Il sait d'évidence, que la Magnificence du Présent s'éloigne et se rapproche, comme une vague, à chaque seconde des deux petits livres blancs posés sur le sable. Au large les mouettes n'en doutent pas un instant.
à suivre
Philippe Chauché
(1) Renaissance Italienne / Eric Laurrent / Éditions de Minuit / 2008
(2) Clara Stern / Eric Laurrent / Éditions de Minuit / 2005
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Laissez un commentaire