" Autre discours : ce 6 août, à la campagne, c'est le matin d'un jour splendide : soleil, chaleur, fleurs, silence, calme, rayonnement. Rien ne rôde, ni le désir, ni l'agression ; seul le travail est là, devant moi, comme une sorte d'être universel : tout est plein. Ce serait dont cela, la Nature ? Une absence... du reste ? la Totalité ? (1)
Henri Matisse 1869-1954
Autre mouvement, ce 30 mai, chaleur accablante, gris bleu du ciel, léger vent, pas un bruit, la rue peut vivre son silence en toute quiétude. Rien à l'horizon, pas un rêve, pas d'envie, pas d'ennui, seulement le silence, et puis Mozart, une nouvelle fois, nécessité de Mozart (2), immersion dans l'Instant et dans le Mouvement du Temps.
Point de ruse, jamais de calculs, pas de projets, la douceur de la douleur qui vient d'une rose achetée le matin même devant les Halles, rouge, instantané de joie qui se fane dans l'absence.
Point de ressentiments, pas de doutes, mais un éblouissement de certitudes, avec la juste distance qu'il convient, finalement se satisfaire de l'incompréhension.
Croire plus que jamais à la beauté d'une offrande.
Habiter son silence, comme l'on habite son corps, certitude que le détachement délivre, que toute envie n'est qu'illusion, sauf celle d'écouter une nouvelle fois Mozart.
Ne jamais désespérer de ce que l'on a donné, quoi qu'on vous en dise.
" Donner c'est donner, reprendre c'est voler !" s'amusent à dire les enfants, ils ont raison.
Se contenter d'une saveur, de la musique d'un regard et d'une voix.
Devenir invisible pour ne plus troubler le petit jeu social, dont le ridicule devrait tuer.
Se savoir définitivement inutile, et s'en amuser.
Croire plus que jamais que les miracles naissent du regard d'une femme particulière, tout le reste n'est que balivernes.
Croire que seul l'amour sauve de la mort dominante, et sourire de son absence.
Ne jamais se lasser d'entendre une voix, même enregistrée.
S'installer dans la nuit, comme l'on s'offre à un corps désirant.
Décider un jour d'en finir, mais avec la délicatesse du pinceau de Matisse.
Brûler ses vaisseaux, et ne rien regretter.
à suivre
Philippe Chauché
(1) Roland Barthes par Roland Barthes / Écrivains de toujours / Seuil / 1975
(2) Concerto pour violon et orchestre en si bémol majeur / Orchestra Mozart / Claudio Abbado / Giuliano Carmignola / Archiv Priduktion
lundi 31 mai 2010
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Mon amie la rose
RépondreSupprimerOn est bien peu de chose
Et mon amie la rose
Me l'a dit ce matin
A l'aurore je suis née
Baptisée de rosée
Je me suis épanouie
Heureuse et amoureuse
Aux rayons du soleil
Me suis fermée la nuit
Me suis réveillée vieille
Pourtant j'étais très belle
Oui j'étais la plus belle
Des fleurs de ton jardin
On est bien peu de chose
Et mon amie la rose
Me l'a dit ce matin
Vois le dieu qui m'a faite
Me fait courber la tête
Et je sens que je tombe
Et je sens que je tombe
Mon cœur est presque nu
J'ai le pied dans la tombe
Déjà je ne suis plus
Tu m'admirais hier
Et je serai poussière
Pour toujours demain.
On est bien peu de chose
Et mon amie la rose
Est morte ce matin
La lune cette nuit
A veillé mon amie
Moi en rêve j'ai vu
Éblouissante et nue
Son âme qui dansait
Bien au-delà des nues
Et qui me souriait
Crois celui qui peut croire
Moi, j'ai besoin d'espoir
Sinon je ne suis rien
Ou bien si peu de chose
C'est mon amie la rose
Qui l'a dit hier matin.
C'est si beau, comme d'habitude... ces mots semblent creux mais je n'en trouve pas d'autres....
RépondreSupprimerOh et "la douceur de la douleur"... poignant!