lundi 22 septembre 2008

La Saveur et le Savoir (2)

" Le Je Ne Sais Quoi, qui est l'âme de toutes les bonnes qualités, qui orne les actions, qui embellit les paroles, qui répand un charme inévitable sur tout ce qui vient de lui est au-dessus de nos pensées et de nos expressions ; personne ne l'a encore compris, et apparemment personne ne le comprendra jamais. Il est le lustre même du brillant, qui ne frappe point sans lui ; il est l'agrément de la beauté, qui sans lui ne plaît point ; c'est à lui de donner, pour me servir de ces termes, la tournure et la façon à toutes les qualités qui nous parent ; il est, en un mot, la perfection de la perfection même, et l'assaisonnement de tout le bon et de tout le beau. " (1)

Je m'appelle Julian Lopez Escobar, mais vous pouvez m'appeler El Juli, ou le contraire, Julian Lopez Escobar, el Juli, l'un et l'autre si vous le préférez.

Je suis torero, c'est une étrange chose, une trajectoire troublante, une idée d'aventure, et souvent lorsque je m'habille d'or et de joie, je pense à Melville et sa baleine blanche, une idée de Dieu, me dit-on, une idée de retournement, de transformation, une écriture en mouvement, entre deux eaux, si je puis dire.

" Vous voici face à un torero de la saveur et du savoir ", c'est ce qu'écrit un commentateur dont j'ignore tout, de la saveur et du savoir, je vous avoue mon trouble, non que j'ignore ce qui fait ma valeur, je me connais comme personne croyez-moi, je sais ce qu'il me faut raconter sur le sable, ce savoir je le fais mien, à chaque seconde, qu'il y ait ou nom un taureau dans l'histoire, mais cette saveur, qu'évoque l'inconnu, je dois avouer que je ne sais d'où elle vient, ce qui la fait paraître ainsi d'évidence par cet observateur, c'est peut-être ce qu'évoque l'un de nos plus percutants jésuites, je vous avoue que lorsque je fais mes premiers pas sur le sable alors que le soleil hésite à décliner, je suis dans l'essence de ce Je Ne Sais Quoi, cette saveur vient peut-être de cette rencontre improbable entre la pierre, le sable, le bleu du ciel et le regard troublant d'une déesse qui déploie la cape de ses passions sous mes pas.

à suivre

Philippe Chauché



(1)Le Héros / Baltasar Gracian / Distance

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Laissez un commentaire