mercredi 14 avril 2010

Le Lieu de la Vie (7)



" Elles sont là... Formidables, catégoriques, flambantes... Les femmes... Les vraies... les enfin vraies... Les enfin prises à bras-le-corps dans la vérité d'une déclaration d'évidence et de guerre... Les destructrices grandioses de l'éternel féminin... Les terribles... Les merveilleusement inexpressives... Les gardiennes de l'énigme qui est bien entendu : RIEN... Les portes du néant nouveau... De la mort vivante, supervivante, indéfiniment vivante, c'est son masque, c'est sa nature, dans la toile sans figure cachée du tissus... Pas derrière, ni ailleurs ni au-delà... Simplement là, en apparence... Jouies, traversées, accrochées, écorchées, saluantes et saluées, posantes, saisies par un professionnel de la chose... Un des rares qui ait eu les moyens d'oser... Le seul au XX° siècle à ce point ? Il me semble... A pic sur le sujet...
Exorcisme majeur.
CETTE MAIN !
1907
LES DEMOISELLES D'AVIGNON " (1)

Un tel séisme, s'il ne vous renverse pas sur l'Instant, vous pouvez passer à autre chose, c'est ce qu'il se dit. S'il ne vous retourne pas dans le mouvement du Temps, il vous reste à préférer les fantômes qui peuplent aujourd'hui les galeries contemporaines (?), les catacombes n'ont jamais attiré autant d'humanoïdes sans corps et sans âme.

Un tel saisissement s'il vous échappe, ne soyez pas surpris qu'il en soit de même du silence, cet art de l'amour actif, ne vous étonnez pas que la jouissance vous soit si étrangère, que l'embrasement d'un corps vous fasse frémir, que la résonance d'un ventre vous effraie.

Une telle révolution universelle, c'est ce qu'il écrit, si vous ne la faites pas votre, ne soyez pas surpris que la mort vous courtise et qu'elle devienne votre nature, alors que là, devant nous c'est une résurrection qui s'opère. Une résurrection n'est autre, pense-t-il que ce mouvement des corps pris, dans tous les sens du terme, sur l'Instant, en douter c'est douter du dévoilement absolu de l'amour, ou si vous préférez du corps qui fait face, acte incroyable et mille fois plus nécessaire que les petits bavardages sexuels dominants.

Une telle évidence si elle ne vous transforme pas instantanément, ajoute-t-il, ne vous étonnez pas de passer à mille lieux de la résonance du Temps et de " tourner dans la nuit dévorés par les flammes de l'enfer ".



Une telle lumière vous éclaire à jamais encore faut-il savoir la voir.

à suivre

Philippe Chauché




(1) Femmes / Philippe Sollers / Gallimard / 1983

1 commentaire:

  1. "Je n'arrive pas à sentir la faute qu'il y aurait à satisfaire ses passions... En revanche, je perçois très clairement leur inanité."
    Extrait de Femmes de Philippe Sollers

    Mais, pourquoi faudrait-il toujours qu'il y ait un sens, une raison, une utilité ? Que savons-nous de notre être divin ?

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