jeudi 23 juin 2011

Éphémères Admirations (18)


photo Maurice Berho

" Parce qu'elle est émotion et parce qu'elle est torera, l'émotion torera est magique. " (1)

à suivre

Philippe Chauché

(1) La solitude sonore du toreo / José Bergamin / traduc. Florence Delay / Seuil

5 commentaires:

  1. Cri de la Vallée24 juin 2011 à 10:35

    Bonjour Monsieur Chauchécri,
    Vous ne me connaissez pas mais c'est un peu la loi du genre dans les blogs. On livre au gré de la fibre optique des réflexions et ce faisant on prend le risque de se voir répondre. Parfois des louanges, d'autres des crispations. Et voilà. Je suis une crispée. Une crispée de l'esthétisation de la mort, de celle du risque. Le duel Eros Thanatos n'a pas besoin d'une symbolisation aussi grossière que du sang qui coule. Nous le savons tous que thanatos gagne toujours à la fin. Ce n'est pas parce que le sacrifié a parfois la vie sauve, miracle du fait et de la volonté de l'homme qui pour le coup se prend quand même un petit peu pour dieu au passage, que cet héritage n'est pas insupportable. Et même à mon sens il le serait d'autant plus.
    J'espère que vous excuserez mon outrecuidance à rentrer dans le lard en même temps que dans le blog où personne ne m'attend.

    Bien à vous

    Cri de la Vallée

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  2. Il n'y a point d'outrecuidance dans votre "crispation" ici affichée, pas plus qu'il n'y en a dans cette particulière "Ephémère Admiration" à l'art du toreo de Morante de la Puebla, reste cher visiteur de la "Vallée", reste que les quatre ou cinq aficionados que je me réjouis de connaître et de fréquenter ignore tout de ce que vous nommez "l'esthétisation de la mort", s'ils sont esthètes et ils le sont croyez-moi, ils en savent assez long sur la mort, pour ne point chercher à l'esthétiser ou pour le moins à admirer ceux qui s'y risqueraient.
    Duel, dites-vous entre Eros et Thanatos - Michel Leiris y a consacré quelques belles pages dans son "Miroir de la tauromachie" -, l'amour face à la mort, - une histoire de "pulsion" disent certains -, ou plus verticalement une vision de la transcendance - le torero qui sait la "souffrance", "le sang" et "la mort" annoncée, "passe à autre chose" en se croisant et en avançant la main et la muleta et mise sur la courbe, avant de porter son épée dans la croix, comme en amour !
    L’art du toreo est un art de la phrase qu’il faut savoir terminer, d’un point ou d’une épée, il n’a aucune raison d’exister comme l’amour, Bach, Mozart, ou Cioran, et les abolitionnistes devraient s’en souvenir.

    Bien à vous

    Philippe Chauché

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  5. Cri de la vallee25 juin 2011 à 20:13

    Cher Monsieur Chauchécrit,

    Je ne vois remercie de votre érudite réponse mais reste sur mon sentiment, non, ma conviction d' une esthetisation du spectacle de mort.

    Cela dit, je me surcrispe un petit peu quand le lis le terme d' abolitionniste sombrement connoté mais je vous avoue que je ne suis pas assez familière de ce monde de la tauromachie (même en opposante) pour savoir si cet emploi est usuel ou provocateur.

    Je ne suis pas une militante anti corrida, j ai la faiblesse de croire qu il est bien plus utile de cultiver des passions "pro" qu "anti", mais je suis certaine que les spectacles, tant pour les acteurs que pour les spectateurs, doivent faire écho dans des zones profondes. S ils ne provoquent pas cet effet, c est que le propos est sans intérêt, falsifié, coupé des émotions, bref (si on peut dire parce que je suis très mauvaise dans l exercice de brièveté), le spectacle n a pas lieu d' être. Or, la parade tauromachique soulève des passions et c est ce qui m intéresse. Je ne pourrais pas y adhérer mais la fascination me rend curieuse. Beaucoup moins l opposition car j avoue que je me délecte d' appartenir à un monde qui, par exemple, délègue lâchement à d' autres les missions de préparer la viande pour la vendre alors que je la mange avec les plus sereines hypocrisie et mauvaise foi!

    Je n ai peut être pas été capable de faire passer cette dimension de curieuse perplexité dans mon commentaire à moins que les choses ne soient pas pour moi aussi claires que je ne le crois.

    Je ne voudrais pas conclure sans ajouter que vous citez de grands et beaux esprits qui ont loué la corrida mais j imagine, je vous répète que cet univers est parfaitement exotique pour moi, qu il est des opposants tout aussi admirables.

    Bien à vous

    Cri de la vallée.

    Bien à vous

    Cri de la vallée

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