" La nuit dernière, au plus profond de ma chambre, le souffle du printemps pénétrait;
Mon esprit s'en retourna bien loin, sur les bords du fleuve Kiang, près de la jeune fille qui l'occupe.
Il dura bien peu ce songe de printemps ; il fut bien court l'instant où ma tête reposa sur l'oreiller :
Cependant cet instant si court m'a suffi pour aller dans le Kiang-nân, à plus de cent lieux d'ici. (2)
Ici point de méditation publicitaire, aucune posture imposée, rien d'autre que le regard qui file et qu'on laisse filer. Ici point d'obstacles, de visées, de but, rien que le vol invisible des martinets qui se dérobent aux glissements du vent. Ici point de nostalgie, ni de doutes, point d'attachement, le vide contemple le vide, et les cris des martinets s'accordent au silence des vierges blanches.
Que mille papillons dessinent ton visage.
à suivre
Philippe Chauché
(1) Se Torturer l'Esprit / Tchouang-tseu / L'oeuvre complète / Philosophes taoïstes / Bibliothèque de la Pléiade / Gallimard / 1999
(2) Tsin-Tsan / Un songe de printemps / Poésies de l'époque des Thang / traduct. du Marquis d'Hervey-Saint-Denys / Éditions Ivrea
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