dimanche 14 juin 2009

Chercher l'Or du Temps (2)



" (Mais) l'homme est né pour se " retrouver " partout. " (1)

" Comme les oiseaux lentement passent
Il jette le regard en avant
Le prince et fraîches lui soufflent
A la poitrine les rencontres, quand
Il y a silence autour de lui, haut
Dans l'air, mais richement brillant, vers le bas
Le bien lui appartient des pays, et avec lui sont
La première fois en quête de victoires les jeunes.
Mais lui, il modère avec
Le battement d'aile. " (2)

Instants de silence,
Sagesse d'un visage,
Son coeur embrase mes doutes.

" Il est nuit : voici que montent plus haut toutes les
voix des sources vives. Mon âme aussi est un chant d'amoureux. " (3)

" Je n'avais qu'une pensée : faire exister ce qui, en une minute, s'était ouvert avec cette pensée. Faire exister cette minute, l'étendre aux autres minutes, à toutes les minutes, à toutes les heures, à ma vie entière. C'est ainsi que j'ai commencé à me sentir libre. J'ai découvert que cette pensée me rendait libre. J'ai découvert qu'avant elle, je n'avais jamais eu de pensée. On croit qu'on pense mais la plupart du temps on ne pense pas. On s'imagine avoir des pensées, mais ce ne sont pas des pensées, ai-je dit à Anna Livia. Ce sont tout au plus des idées, des réponses à des questions qu'on se pose, des solutions à des problèmes - pas des pensées. Une pensée, lorsqu'elle se met à exister, on ne la reconnaît pas :elle n'a pas l'air d'une pensée. Une pensée, si c'est une pensée, ai-je dit à Anna Livia, a toujours l'air d'autre chose. La pensée qui m'est venue à 8 h 07, elle est venue sous la forme d'une phrase. Elle a pris la forme d'une phrase, d'une deuxième phrase, d'une troisième, d'une dizaine d'autres phrases qui se mises à me donner une existence. Les phrases ont commencé à me faire exister - à faire exister mon existence. (4)

La rue cette nuit s'est brusquement embrasée, un incendie que moi seul voyait, flammes rouges et jaunes qui révélaient la lumière à l'obscurité, je n'ai ressenti aucune chaleur particulière, l'une d'elle a entouré la main que j'avais allongé en me penchant à la fenêtre, j'ai seulement senti que ma main devenait autre, l'incendie s'est propagé à l'appartement, sans mal aucun, c'est tout mon corps qui est devenu autre, je me suis dit, c'est par ces flammes que je deviens au monde.

" Sortant du tunnel, ce qui n'était qu'une conviction me frappe comme une vérité, je la conçois, aveuglante pour l'époque et plus encore aujourd'hui. Au demeurant si la lumière est aveuglante, elle n'en est pas moins là, bien que n'éclairant qu'à moitié les borgnes, et inexistante pour les aveugles. Il n'y a pas d'égalité. Il n'y a pas d'égalité quant au sexe. Il n'y a pas d'égalité quant au coeur. Il n'y a pas d'égalité quant à la lumière. (5)

Désormais tout pouvait advenir.


à suivre

Philippe Chauché

(1) Traité de la co-naissance III / Paul Claudel / Oeuvre poétique / Bibliothèque de la Pléiade / Gallimard
(2) Comme les oiseaux lentement passent / Hymnes en esquisse / Hölderlin / traduct. Francis Fédier et Gustave Roud / Oeuvres / Bibliothèque de la Pléiade / Gallimard
(3) Ecce Homo / Friedrich Nietzsche / traduct. Alexandre Vialatte / 10-18
(4) Cercle / Yannick Haenel / L'Infini / Gallimard
(5) Le savoir-vivre / Marcelin Pleynet / L'Infini / Gallimard

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Laissez un commentaire