dimanche 21 juin 2009

La Musique du Temps (4)

Voilà, me dit-il, nous y sommes comme jamais peut-être, nous voici cher ami, au coeur des ténèbres, alors que c'est de lumière qu'il faudrait parler. Nous nous trouvons au centre diabolique dans ce qu'ils nomment sans rire, la fête de la musique, ce grand marché social auquel nous sommes conviés collectivement, dans une communion infernale que n'aurait pas dénié Robespierre, chantons, jouons et écoutons avant que ne tombent les têtes môles pourrions-nous dire. De la musique en tout endroit, de la musique, qui va envahir places et rues de la ville, la plus libre possible disent-ils, toutes les musiques du monde, amateurs à vos instruments, que sais-je encore ajoute-t-il, leurs slogans pourtant s'affichent partout. Alors que d'évidence, il ne s'agit là que de son ombre maléfique, et nous sommes invités au grand défoulement musical en ce premier jour de l'été. Leur objectif est pourtant évident : évacuer définitivement ce que dit réellement la musique, et ce qu'en dit celui qui l'écoute, "cet oeil qui écoute" disait un poète français et chinois à la fois. Seuls les scissionnistes y échappent, et vous le savez. Et comme semble-t-il, l'un ne va pas sans l'autre, cette grande fête collective, sera aussi celle de la libération des sexes, amateurs à vos cor(p)s, et s'ils sonnent faux, cela n'a aucune importance, l'important c'est de participer à cette fête, tout ce que vous ne vous accordez jamais dans votre permanente servitude volontaire, nous vous l'offrons ce soir,et c'est gratuit, comme l'étaient d'ailleurs en son temps les rendez-vous avec la guillotine ajoute-t-il. Quel beau programme, enfin la musique se met à la portée de tous, donnons-nous la main et écoutons ce que d'évidence nous ne pourrons jamais entendre. Alors que la musique, cette nécessité vitale, comme l'écrivait un scissionniste allemand, cet art secret, qui engage à chaque note le silence et le corps, ne peut être partagé qu'avec seulement quelques hommes et femmes libres accordés au Temps, dans le silence et la lumière foudroyante de l'Instant. "Le Voyageur du Temps", mise sur le retrait, le pas de côté, la méditation joyeuse, la lecture transcendée de quelques livres d'élévation, la vision céleste de la musique de Mozart et de Bach, c'est de l'unique dont il est question, et le "Voyageur du Temps", l'a bien compris.





Seule la musique du silence ouvre ce cercle que l'on pensait infranchissable, c'est ce qu'il me dit, ce cercle qui à son tour en dévoile un autre où le Temps s'accorde à chacun de nos gestes, à chacune de nos sensations, à nos pensées libres, cette musique là, est un silence qui résonne comme rarement, les corps à leur tour résonnent, et la résonance des corps, voyez-vous, j'en ai fait l'expérience, il faut pour la saisir traverser le Néant, c'est une expérience qui peut à certains sembler terrible, mais c'est par cet effroi que l'on peut le terrasser, et la musique que l'on voit là ne fait pas autre chose.


" A nouveau ses disciples dirent : " Christ, dis-nous clairement comme les préexistants sont descendus depuis les immortels vers le monde mortel. "
Le Sauveur parfait répondit : " Le Fils de l'Homme se mit d'accord avec la Sagesse, sa compagne, et se connaître comme une grande lumière androgyne. Son aspect masculin, d'une part est appelé " le Sauveur ", " le Géniteur universel ". Par ailleurs, son aspect féminin c'est " la Sagesse ", " la Génitrice universelle " ; certains l'appellent " la Confiance ".
" Quiconque doit venir au monde est envoyé par lui comme une goutte venant de la lumière vers le monde du souverain universel, afin d'être gardé par celui-ci. Alors le lien de son oubli l'attache selon la volonté de Sagesse, pour que l'oeuvre de cette dernière se fasse connaître au monde entier en sa pauvreté, à cause de son orgueil, de son aveuglement et de son ignorance. Car on lui a donné le nom de Dieu. " (1)

à suivre dans le silence.

Philippe Chauché

(1) La Sagesse de Jésus Christ / Ecrits gnostiques / La bibliothèque de Nag Hammadi / Bibliothèque de la Pléiade / Gallimard

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Laissez un commentaire