vendredi 14 mars 2008

L'Art de la Prudence

" C'est la vie des grandes qualités, le souffle des paroles, l'âme des actions, le lustre de toutes les beautés. Les autres perfections sont l'ornement de la nature, le je-ne-sais-quoi est celui des perfections. Il se fait remarquer jusque dans la manière de raisonner ; il tient beaucoup plus du privilège que de l'étude, car il est même au-dessus de toute discipline. Il ne s'en tient pas à la facilité, il passe jusqu'à la plus fine galanterie. Il suppose un esprit libre et dégagé, et à ce dégagement il ajoute le dernier trait de la perfection. Sans lui toute beauté est morte, toute grâce est sans grâce. Il l'emporte sur la valeur, sur la discrétion, sur la prudence, sur la majesté même. C'est une route politique, par où l'on expédie bientôt les affaires ; et enfin l'art de se retirer galamment de tout embarras. " (1)

Voilà ce que l'on devrait aujourd'hui lire sur les feuilles volantes qui fleurissent aux mains de jeunes gens qui se "mobilisent" sur les places de la ville, il serait ainsi très judicieux que les candidats en course pour le second tour des élections municipales se battent "philosophes à la main", on verrait ainsi les rues couvertes de citations de Gracian, Voltaire, Rosset, Schopenhauer, les jeunes militants porteraient à "même la peau" des chemises légères où seraient imprimés des sentences de Nietzsche, d'autres miseraient sur des pensées de Sartre, ou de Levinas, imprimées sur leurs casquettes, les "militants" pourraient ainsi s'adonner au plaisir de la citation, des "flèches" lancées en pleine rue, les candidats même se devraient d'apprendre sur les lèvres quelques "concepts" qu'ils défendraient avant de passer dans l'isoloir, leurs admirateurs se devraient d'offrir des feuilles tirés des meilleurs ouvrages de Wittgenstein, d'Epictète, on trouverait alors très amusant de lire les "pensées" d'Onfray s'envoler sous les éclats du mistral, preuve s'il en était que ce ne sont pas les pensées qui s'envolent, mais leur absence.

Que mille pensées vives éclairent ton visage.

" C'est un malheur d'être méconnu des femmes. C'en est un plus grand de les méconnaître. " (2)

à suivre
Philippe Chauché


(1) Baltasar Gracian : L'Art de la prudence / Tradution Amelot de la Houssaie / Rivages poche
(2) Frédéric Schiffter / Traité du cafard / Finitude

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