" ... Lorsque, venant de Paris en auto (j'ai fait mille fois ce voyage), je dépasse Angoulème, un signal m'avertit que j'ai franchi le seuil de la maison et que j'entre dans le pays de mon enfance ; un bosquet de pins sur le côté, un palmier dans la cour d'une maison, une certaine hauteur des nuages qui donne au terrain la mobilité d'un visage. Commence alors la grande lumière du Sud-Ouest, noble et subtile tout à la fois ; jamais grise, jamais basse (même lorsque le soleil ne lui pas), c'est une lumière-espace, définie moins par les couleurs dont elle affecte les choses (comme dans l'autre Midi) que par la qualité éminemment habitable qu'elle donne à la terre. Je ne trouve pas d'autre moyen que de dire : c'est une lumière lumineuse. " (1)
La lumière de l'autre midi traverse le ciel, le bleu s'invite délicatement, sans effet, en profondeur, avec légèreté, sans effet, cette lumière invente le bleu du temps, le vent s'est évanoui, la douceur n'est pas encore là, il faudra attendre, le printemps de la lumière du midi est patient. Il y a quelques temps, le bleu-vert d'une déesse brillait sur les tendidos des arènes d'Arles, chassant d'un éclair le froid, le gris, le vent et une certaine lassitude. C'est cela aussi la lumière de l'autre Midi. Lumière lumineuse également, il faut seulement voir avec sa peau.
Que mille éclairs de lumière fleurissent dans ton regard.
A suivre
Philippe Chauché
(1) Roland Barthes / La Lumière du Sud-Ouest / Incidents / Seuil / 1987
dimanche 23 mars 2008
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