lundi 31 mars 2008

L'Heure est au Verbe

" Ce sont les Trois Inconsolés. Je les aime beaucoup, ces trois-là. La langue Allemande excelle dans l'art de souffrir, et dans cet art, ces trois-là sont les meilleurs. Et puis tous les trois souffraient d'écrire en allemand. Ils s'étaient exilés. L'Allemagne les effrayait, elle voulait leur mort. Der Tod ist ein Meister aus Deutschland, avait écrit l'un d'eux : " La mort est un maître d'Allemagne. " (1)

Lorsqu'il lisait, les aiguilles des montres suspendaient leur mouvement circulaire, lorsqu'il lisait les heures doutaient de leur existence, le temps reprenait corps, il s'accordait au mouvement de ses lèvres, à ses respirations, aux marées de mots qui s'élevaient dans le jardin d'été. Lorsqu'il lisait il s'élevait, et les arbres accompagnaient son ascension par le vert sombre de leurs feuilles. Il lisait le temps passé au présent, et le présent des temps oubliés, la vie foisonnait et fleurissait sous les vagues de ses mots illuminés.
à Paul Célan

Que mille mots de printemps fleurissent ta chambre.

à suivre

Philippe Chauché

(1) Yannick Haenel / Cercle / Gallimard / L'Infini







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