Il nous arrive de nous croiser, mais nous faisons comme si, comme si nous ne nous connaissions pas, comme si elle n'avait d'autre but que de traverser la ville du nord au sud, comme si je n'avais en tête que de quitter cette rue bruyante, comme si le temps nous était compté, chacun de notre côté, comme si le bleu du ciel nous était indifférent, nous nous croisons sans lever la tête, fixant un point invisible sur la trajectoire de notre marche, détachés, légers, nous marchons, le temps n'est pas dupe de notre stratégie, il nous accompagne d'un léger frémissement d'air chaud, le ciel s'ouvre à nos destinées et un nuage blanc griffe le bleu du ciel.
" Quand le papillon disparut
mon esprit
revint à moi " (1)
Puis, en une fraction de seconde, elle se retourne et embrasse d'un geste long et velouté le mur de la rue, je me fige et lève les yeux vers le bleu du ciel qui se transforme en un bouquet de violettes.
" Comment vivre comme un homme, si l'on n'est pas de temps en temps un dieu ? " (2)
Que mille Sorgues baignent tes pieds.
à suivre
Philippe Chauché
(1) Wafû / Anthologie Haikûs / trad. Roger Munier / Fayard
(2) Arthur Schnitzler / La Transparence impossible / trad. Pierre Deshusses / Rivages poche
samedi 29 mars 2008
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