mercredi 26 mars 2008

L'Air du Temps

" Les fleurs sont tombées -
nos esprits maintenant
sont en paix " (1)

Rien de plus agréable que de s'installer dans l'air du temps, dans son trouble lumineux et parfois étrange, rien de plus doux finalement que de traverser l'air du temps comme un éclair de lumière les pierres blanches du Palais, rien de plus éclatant que de s'ouvrir comme une rose rouge posée dans son vase et qui apprivoise les éclats de lune.
Je suis Nietzsche descendant la vallée du Rhône, j'ai rendez-vous très loin de là, dans la ville italienne jaune et bleue, j'y croise la mer lente et colorée jaune citron, j'écris ma vie et personne ne me lit.
Je suis Freud tenant dans ses bras la Gradiva, déesse pompéienne, apparition, vitesse du destin insaisissable, explosion intérieure du mouvement.
Je suis Léopardi à Florence, rien ne m'importe plus que le silence, j'écris, j'écris, simplement dans le silence et la lumière fade.
Je suis occupé par l'air du temps, il traverse mon coeur, l'affole, le vrille, le fait exploser, il traverse ma chair, la fait rougir, blanchir, tressailler, il se faufile sous ma peau et s'épanouit dans les gestes lestes de mes mains.


Que mille éclairs surlignent ton regard

à suivre

Philippe Chauché

(1) Koyû-ni / Anthologie Haïkus / traduc. Roger Munier / Fayard

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