Dont la frayeur va déranger le jeu,
Comme la passion qu'emporte tant de rage
Que l'excès de sa force paralyse,
Ainsi, moi, faute de confiance, j'oublie les mots
Qui sont la liturgie du rite d'amour
Et sous le poids trop grand de mon amour
C'est mon ardeur qui semble se défaire.
Ah, que mes yeux soient alors l'éloquence,
Les messagers muets de ma voix profonde,
Eux qui te crient qu'ils t'aiment, et veulent récompense
Plus que ces vers qui s'exclament tant plus !
Apprends à déchiffrer ce qu'écrit le silence,
Écouter par les yeux, c'est l'intelligence du coeur. " (1)
" Comment, par une belle nuit, se lasser de jouir du clair de lune,
sur les eaux du lac !
Comment, par un beau jour, se lasser de parcourir la montagne,
sur le bord du lac !
Ma coupe se remplit toujours d'un vin qui réjouit ma vue,
Mon coeur se vide peu à peu des dix milles tracas qui s'y
étaient logés.
Notre hôte compte ses mesures de grain par centaines,
Il y a du vin en abondance, gardons-nous bien de l'épargner.
La joie convient à des amis qui se rencontrent,
Comme la tristesse convient à ceux qui ne sont plus réunis
que par le souvenir. " Tchang-oey (2)
Nous avons appris à passer à travers les temps écoulés
Nous avons saisis l'urgence de vivre le temps présent
Nous avons avec nous quelques belles raisons à la boutonnière
Nous sommes libres de tout recommencer
De tout reprendre, de tout effacer
Nous sommes au centre du temps écoulé
Nous ne tremblons plus des effets du temps présent
Nous sommes libres de disparaître, mais nous sommes là
Il faut donc compter sur nous
Notre amour du temps nous rend immortel
Que mille sonnets résonnent dans tes souvenirs
à suivre
Philippe Chauché
(1) William Shakespeare / Les Sonnets / traduc. Yves Bonnefoy / Poésie/Gallimard
(2) Poésies de l'époque des Thang / traduites par le Marquis d'Hervey-Saint-Denys / Editions Ivrea
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