dimanche 13 avril 2008

Liberté de l'Ecrivain (2)

" Lire les Saintes Écritures, c'est obéir à une priorité de l'écoute. J'inaugure mes réveils par une poignée de vers, et le cours de la journée prend ainsi son fil initiateur. Je peux ensuite déraper le reste du temps au fil des vétilles de mes occupations. En attendant, j'ai retenu pour moi un acompte de mots durs, un noyau d'olive à retourner dans ma bouche. " (1)

" Une harmonie savante
Inspire par vertu naturelle au songeur
Des désirs infinis,
Des visions fières ;
Ainsi sur une mer exquise, mystérieuse
Erre l'esprit humain
Comme à plaisir,
Nageant avec audace en l'océan,
Mais qu'une dissonance
Heurte l'oreille, sur l'instant
Ce paradis s'anéantit. " (2)

Mon corps s'affère à peindre le bleu du ciel,
Mes yeux esquissent des acrobaties vertigineuses,
Mes mains délivrent les mots de leurs algues vertes,
Mes mots rendent à l'océan ses audaces.

Je suis face au néant qui tente, en vain, de me séduire, je suis libre d'être ce geste esquissé, cette coulée de peau qui glisse entre tes mots, je suis différent à chaque seconde et semblable à chaque nuit, le néant retourné, c'est la stabilité du temps qui s'installe dans mon oeil, j'ouvre grand mes oreilles au murmure des oliviers, et c'est le Paradis, je me nourris du Livre et des mots qui sont autant de bombes à retardement.

Que mille secousses du printemps rythment ton temps présent.

à suivre

Philippe Chauché


(1) Erri De Luca / Noyau d'olive / traduc. Danièle Valin / Arcades Gallimard
(2) Giacomo Leopardi / Sur le portrait d'une belle dame / Canti / Poésie Gallimard / 1982

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