mardi 8 avril 2008

Questions d'Epoque

" La poésie, proche l'idée, est Musique, par excellence - ne consent pas d'infériorité "
Stéphane Mallarmé (1)

" Il y a une phrase de Mallarmé que j'aime beaucoup et qui dit : " Penser est écrire sans accessoires ". La question de la technique ou de la rédaction est importante, bien sûr, mais secondaire. Le plus important, c'est la concentration mentale permanente, la rumination interne, l'attention à la façon dont le langage se formule intérieurement, et là est le travail constant sur soi. " (2)

Je suis d'évidence dans cette concentration permanente, dans cette intrusion au centre de la pensée et donc du corps, les mots se livrent car ils reposent, vins rares, mis à l'abri de la lumière et de la chaleur, entourés d'attentions, ils s'offrent lorsqu'il est temps d'en faire sauter la cire, et de retirer le bouchon de liège. C'est alors que se produit le miracle, c'est le printemps : pervenches, althéas, lavandes. Les mots s'élèvent en parfums, les verbes délivrés de la glace, se glissent entre mes doigts, tout devient joyeux soyeux et lumineux, j'écris par excellence, la musique nouvelle.

Et comme il semble que la mémoire se vide :

" Où sont à présent les dames,
Leurs coiffes, leurs vêtements,
Leurs parfums ?
Où sont maintenant les flammes
Des feux qui brûlèrent tant
Les amants ?
Mais où sont leurs poésies,
Et les suaves musiques
Qu'ils jouèrent ?
Que reste-t-il de leurs danses,
Et les habits chamarrés
Qu'ils portèrent ? " (3)

Le fleuve s'égare,
Mes mains impuissantes,
Glissent dans la rosée.

Que mille éclats de Lune brillent sur ta joue.

à suivre

Philippe Chauché

(1) Le Livre instrument spirituel - mis en lumière sur "mallarme.net"
(2) Philippe Sollers, " Dépassement du roman " (extrait) L'Infini n° 83 repris in L'Infini 101-102
(3) Jorge Manrique / Stances sur la mort de mon père / trad. Guy Debord / Ed Champs libre

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