Ma mémoire vive, ma mémoire active, mémoire du corps et de la pensée, ignore la "cérémonie des adieux", elle se nourrit de l'histoire, d'écrits vivants, d'où qu'ils viennent, il en va finalement de même des "hommes", ils vivent en permanence dans mes pensées, mais en silence.
Devoir de mémoire ? Traversée de l'histoire de la "poésie hébraïque", c'est à chaque fois une effervescence, un parfum qui m'envahie et m'élève.
Il y a quelques années un écrivain éditeur publiait "Poésie hébraïque du IV° au XVIII° siècle" adapté de l'anglais en prose française et présenté par Frans De Haes d'après l'édition originale de T. Carmi. (1)
Lisons donc : Joseph Hacohen (1496-1578) né à Avignon, il exerce la mèdecine en Italie. Il est l'auteur d'importants ouvrages historiographiques parmi lesquels l'Emecq Ha-Bakba ("La Vallée des Pleurs") qui relate les souffrances des Juifs depuis la destruction du second temple. Dans le poème mono-rimé que nous adoptons ici, il énumère les trente-trois critères de beauté féminine.
"Mon esprit, réveille-toi et dans un chant rythmé par les cymbales je te parlerai de la splendeur et de la beauté des femmes.
Choisis une chevelure qui est longue et tu ne te couvriras point de honte. De même, dans les mains et dans les jambes, préfère la longueur. Pour la parer de grâce ces trois-ci seront menus : les oreilles, les seins et les dents. Sont front sera large et ainsi sa poitrine. Amples de même seront ses reins. Toi qui regardes, choisis la femme dont la chose est étroite, qui a les cuisses et les hanches étroites. Mais elle aura la mèche épaisse, épais seront ses bras et ses femmes. Ces trois-ci seront fins : les cheveux de sa tête, ses doigts et ses lèvres. Choisis un cou qui soit rond, que ronds soient de même l'arrière-train et l'avant-bras : à pareille beauté tes parties trasailliront. Sa bouche sera petite, discrète (2), sans faille ; mesure qui s'applique pareillement à son nez et à ses pieds. Ses dents seront blanches et ainsi seront ces deux-ci : ses mains et sa gorge. Choisis celle gratifiée de rougeur sur les joues, sur les lèvres et sur les ongles. Noirs seront ses sourcils, rehaussant son élégance. Noirs aussi les yeux et la chevelure. Une femme qui répond à ces critères - même l'or de Parvaïm ne pourra mesurer sa valeur.
Bien sûr, celle qui se complaît dans la Loi du Seigneur et dans toute pensée s'élève vers Lui dans une prière - elle seule mérite le nom de femme. Va, recherche sa compagnie et ne tends pas les mains vers l'adultère. Nomme le charme une illusion, la beauté des femmes une chimère et rends tout honneur à la crainte de Dieu. Mon fils, reçois ce précepte de Joseph, prêtre aussi de Dieu au Ciel." (3)
(1)L'infini Gallimard Février 1992
(2)Littéralement : "sans satan", par allusion à un dicton qui veut que l'on ne doivent pas attirer l'infortune en prononçant des mots sinistres.
(3)Jeu sur le nom de l'auteur, Joseph Hacohen, "Joseph-le-Prêtre"
Voilà de quoi passer une bonne journée.
Que mille fleurs sauvages soutiennent ton regard de grâce.
à suivre
Philippe Chauché
mardi 19 février 2008
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