mardi 12 février 2008

Présences, Vides et Amusements

La saint Valentin approche, il convient donc d'éviter :
- les glaneurs : ils profitent d'un instant d'inattention pour se saisir des plus beaux fruits de votre esprit, pensant que la récolte étant passée, ils peuvent avec l'adresse qui les caractérise s'en saisir, ils oublient les charmants bipèdes, que ces mots là, ne vivent que sous la perfusion miraculeuse de votre présence, vous voici absents, oups, ils s'évanouissent.
- les nécrologues : le plus souvent on les croise dans les caves humides des restaurants ou des musées, ils se nourrissent de champignons et de vieux papiers, ils apprécient notamment les éditions spéciales consacrées aux grands écrivains disparus, aux grandes causes oubliées, aux jeunes démocraties, aux vertues du sport et des bains de boue, ils notent tout, enregistrent le moindre baillement, les rythmes cardiaques, les pensées fugaces, les idées fumeuses et lumineuses, l'une ne va pas sans l'autre disait un blogueur dont vous trouverez l'adresse à droite, puis ils s'endorment et préparent leurs méfaits, ils oublient les souffreteux des cendres, que vous êtes immortels, pour s'en débarrasser, il faut seulement faire semblant de mourir, puis réssuciter, ils en perdent leur superbe et s'échappent effrayés par un tel miracle.
- les cinéphiles : ils aiment perdre leur temps dans le noir, dans le bruit assourdissant de musiques électroniques et de dialogues subtils, sans pouvoir ni fumer, ni boire, ni parler, ni s'allonger, ni courir, ni dormir, ni écrire, ni manger, ni rien faire, on les croit solitaires, perdus, c'est faux, ils se reproduisent, là dans le froid, accompagnés de leurs jeunes cinéphiles d'enfants, ils attendent que l'hôtesse leur délivre un petit billet rouge, puis ils s'effondrent dans le fauteuil qu'on leur a réservé à quelques mètres de l'écran, pour ne rien perdre des dialogues et des gros plans, pour les éloigner, il y a une méthode radicale, arriver en retard lors d'une projection et poursuivre sa conversation sur son téléphone cellulaire, s'endormir et réver tout haut, embrasser sa voisine, si voisine il y a, ouvrir son journal et touner bruyamment les pages, raconter le film à une autre voisine, si l'autre voisine ne dort pas, ou beaucoup plus radical, s'armer de petites boules de verre fin trés amusantes lorsqu'on les brise, elles produisent une belle panique, par le parfum musqué qu'elles dégagent, seul risque que les cinéphiles en question aient perdu tout odorat, ce qui n'est finalement pas si rare.
- les amoureux nostalgiques et éplorés : attention, ils se préparent à sortir pour la saint-Valentin, seule arme si vous les rencontrez, leur présenter un collier d'ail et un crucifix, ils s'enfuiront sur l'instant. Vous pouvez aussi vous amuser à mourir devant ces êtres délicats, le résultat est immédiat comme pour les nécrologues. Si d'aventure vous croisez un amoureux éploré un peu cinéphile, c'est à vous de voir, mais dans ces cas je conseille la fuite.


à suivre

Philippe Chauché

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